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25 décembre 2017 1 25 /12 /décembre /2017 09:00

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LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  MARIE-ANTOINETTE, REINE DE FRANCE (33/35)

 

Marie-Antoinette est reconduite à sa cellule à la Conciergerie après l'annonce du verdict

 

 

 

 

LA DERNIERE LETTRE : 16 OCTOBRE 1793

  

 

 

 

    De retour à la Conciergerie, Marie-Antoinette est reconduite à sa cellule. Elle demande à ses gardes qu'on veuille bien lui apporter de quoi écrire et une chandelle pour s'éclairer. Personne n'ose refuser à la Reine cette dernière faveur...

    Il est quatre heures trente du matin, ce 16 Octobre, et Marie-Antoinette, penchée sur son papier, écrit une très longue lettre à sa belle sœur :

 

«  Ce 16 Octobre à 4 heures et demie du matin,

 

« C'est à vous, ma sœur, que j'écris pour la dernière fois ; je viens d'être condamnée, non pas à une mort honteuse, elle ne l'est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère. Comme lui innocente, j'espère montrer la même fermeté que lui dans les derniers moments ; je suis calme comme on l'est quand la conscience ne reproche rien.

« J'ai un profond regret d'abandonner mes pauvres enfants ; vous savez que je n'existais que pour eux ; et vous, ma bonne et tendre sœur, vous qui avez, par votre amitié, tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse !

« J'ai appris par le plaidoyer même du procès, que ma fille était séparée de vous. Hélas ! La pauvre enfant, je n'ose pas lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre ; je ne sais même pas si celle-ci vous parviendra : recevez pour vous deux ici ma bénédiction. J'espère qu'un jour, lorsqu'ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous, et jouir en entier de vos tendres soins ; qu'ils pensent tous deux à ce que je n'ai cessé de leur inspirer, que les principes et l'exécution exacte de ses devoirs sont la première base de la vie ; que leur amitié et leur confiance mutuelle en feront le bonheur ? que ma fille sente à l'âge qu'elle a, elle doit toujours aider son frère par les conseils que l'expérience qu'elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer; que mon fils, à son tour, rende à sa sœur tous les soins, les services que l'amitié peut inspirer ; qu'ils sentent enfin tous deux que, dans quelque position qu'ils puissent se trouver, ils ne seront vraiment heureux que dans leur union ; qu'ils prennent exemple de nous ! Combien, dans nos malheurs, notre amitié nous a donné de consolations ; et dans le bonheur, on jouit doublement quand on peut le partager avec un ami; et où en trouver de plus tendres que dans sa propre famille ?

« Que mon fils n'oublie jamais les derniers mots de son père, que je lui répète expressément : "Qu'il ne cherche jamais à venger notre mort."

« J'ai à vous parler d'une chose bien pénible à mon cœur. Je sais combien cet enfant doit vous avoir fait de la peine (1); pardonnez-lui, ma chère sœur; pensez à l'âge qu'il a, et combien il est facile de faire dire à un enfant ce qu'on veut et même ce qu'il ne comprend pas; un jour viendra, j'espère, où il n'en connaîtra que mieux tout le prix de votre bonté et de votre tendresse pour tous deux. Il me reste à vous confier mes dernières pensées : j'aurais voulu les écrire dès le commencement du procès; mais, outre qu'on ne me laissait pas écrire, la marche en a été si rapide, que je n'en aurais réellement pas eu le temps.

« Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où j'ai été élevée et que j'ai toujours professé. N'ayant aucune consolation spirituelle à attendre; ne sachant pas s'il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop s'ils y entraient une fois; je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j'ai pu commettre depuis que j'existe; j'espère que, dans sa bonté, il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps, pour qu'il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté.

« Je demande pardon à tous ceux que je connais, et à vous, ma sœur, en particulier, de toutes les peines que,  sans le vouloir, j'aurais pu vous causer; je pardonne à tous mes ennemis le mal qu'ils m'ont fait.

« Je dis adieu à mes tantes et à tous mes frères et sœurs. J'avais des amis; l'idée d'en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j'emporte en mourant; qu'ils sachent du moins que, jusqu'à mon dernier moment, j'ai toujours pensé à eux.

« Adieu, ma bonne et tendre sœur ! Puisse cette lettre vous arriver ! Pensez toujours à moi; je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces bons et chers enfants; mon Dieu, qu'il est déchirant de les quitter pour toujours ! Adieu ! Adieu ! Je ne vais plus m'occuper que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m'amènera peut être un prêtre; mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot, et que je le traiterai comme un être absolument étranger. » (2)

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  MARIE-ANTOINETTE, REINE DE FRANCE (33/35)

 

La dernière lettre de Marie-Antoinette

 

 

    Epuisée de fatigue, les yeux rougis, Marie-Antoinette plie consciencieusement la lettre qu'elle vient de terminer, la remet au garde de faction dans sa cellule et s'allonge sur son lit. (3)

 

    Comme elle l'avait pressenti, on lui envoie, un peu avant l'aube, un prêtre pour l'entendre en confession. Sans attendre les questions de la Reine, le prêtre lui avoue sa situation d'assermenté et Marie-Antoinette, sans colère ni haine, lui répond que, dans ces conditions, elle refuse ses services. « Madame, que dira-t-on », insiste l’abbé, « lorsqu’on saura que vous avez refusé les secours de la religion dans ces suprêmes moments ? »

« Vous direz que la miséricorde de Dieu y a pourvu.. » répond la reine.

 

    Elle passe alors son long déshabillé blanc, celui dont elle se servait ordinairement le matin, puis dispose sur ses épaules son grand fichu et s'agenouille au pied de son lit pour prier.

 

    Marie-Antoinette attend ses bourreaux.....

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)   Marie-Antoinette évoque ici le témoignage d'Hébert lors du procès.

 

(2)   cité par Jean CHALON  "Chère Marie-Antoinette"   op. cit. Pages 463 à 465

        et Sabine FLAISSIER  "Marie-Antoinette en accusation"  op. cit. Pages 373 à 375

 

(3)   La lettre-testament de Marie-Antoinette sera remise à Fouquier-Tinville qui la conservera. Elisabeth ne lira jamais la dernière lettre de sa belle sœur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A SUIVRE :

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  MARIE-ANTOINETTE, REINE DE FRANCE (34/35)

 

L'ECHAFAUD : 16 OCTOBRE 1793

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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