Au milieu des années 70 deux constructeurs dominent les rallyes : Lancia avec sa Stratos et Porsche avec la 911. En 1977, trois Skoda de l’écurie d’usine prennent le départ de l’épreuve la plus célèbre mais aussi la plus difficile d’entre toutes, le Rallye de Monte-Carlo. C’est une surprise dans le petit univers des rallyes ou bien peu de monde s’attend à les voir réussir.

Et pourtant cela fait plus de 100 ans que Skoda fait la promotion de ses voitures à travers le sport. Dans les années 60 la marque participait à des courses du Championnat d’Europe (le Championnat du Monde n’a été créé que dans les 10 années suivantes) avec des Skoda 1000 MB spécialement préparées. Avec le temps, le constructeur a du rapidement trouver un autre modèle pour les remplacer. La marque n’ayant ni les moyens, ni le temps de construire un modèle en partant de zéro, elle s'est tournée vers le modèle S100/S110 (type 722) produit de 1969 à 1976, en réalité une version fortement modernisée de la Embecka avec une carrosserie plus moderne mais avec le même groupe motopropulseur.

C'est le très attractif coupé 110 R, produit à l’usine de Kvasiny, qui est choisi. Le style moderne avec de larges portières sans encadrement, les sièges baquets à l’avant et suffisamment d’espace pour emmener deux personnes à l’arrière, avaient fait que la voiture s’était rapidement fait connaître comme la Porsche Tchèque. C’était un peu exagéré car son petit moteur de 1,1 litre développait seulement 62 ch. Cependant, cela suffisait pour emmener ce coupé de seulement 835 kg à 145 km/h et pour passer de 0 à 100 km/h en 18,5 sec, des valeurs vraiment très correctes pour l’époque. Sans surprise, la voiture a commencé à être souvent utilisée en rallye et sur circuit. L’usine a fini par développer en 1972 la 120 Rallye, un modèle conçu spécialement pour le sport automobile.

En 1974, sur la base du coupé, sont réalisés deux prototypes très puissants, les 180 RS et 200 RS qui n’étaient cependant pas homologués pour prendre le départ des épreuves de rallyes européennes. Skoda réalise alors un autre modèle, la 130 RS (type 735). Basé sur le coupé 110 R, il avait comme celui-ci un moteur installé en porte-à-faux arrière et une transmission à 4 rapports. Le moteur quatre cylindres avec soupapes en tête de 1289 cm3 était alimenté par un double carburateur Weber et, en fonction des besoins, avait un taux de compression de 10,5 à 11,7 pour développer une puissance entre 100 et 145 ch. Selon les rapports de démultiplication, la Skoda 130 RS pouvait atteindre une vitesse maximale de 145 à (théoriquement) 210 km/h, et passer de 0 à 100 km/h en 7,5 à 8,5 sec et consommer de 15 à 25 litres de carburant aux 100 km.

Des performances très améliorées par rapport à la version précédente et dues essentiellement au faible poids de la voiture obtenu par l’utilisation de pièces de carrosserie en matériaux composites (par exemple les ailes avant). La Skoda 130 RS, ne pèse que 750 kg. Sa silhouette fluette avec la garde au sol élevée de la version de rallye : jusqu’à 185 mm contre 120 mm en version piste la distingue du modèle de série. Mais c’est précisément grâce à cela que la 130 RS peut briller sur les tracés les plus difficiles comme le Rallye de Suède ou le Rallye de l’Acropole.

Pour que la voiture puisse rivaliser sur les épreuves internationales, Skoda devait l’homologuer en catégorie A2. En 1975, l’ancien pilote de Formule 1 Paul Frère et journaliste automobile réputé, représentant de la FIA, s’est rendu en Tchécoslovaquie sur un aéroport près de Mlada Boleslav pour la tester. La Skoda 130 RS lui a tellement plu qu’il a ensuite publié dans le magazine britannique « The Motor » un article au titre significatif : « Une Skoda sensationnelle ». Paul Frère saluait la maniabilité de la voiture, ses accélérations étonnamment bonnes et la facilité avec laquelle on pouvait la faire glisser de l’arrière dans les virages. Il critiquait en revanche le faible amortissement de la suspension avant provoquant un fort sous-virage sur revêtement dégradé.

Dès 1976, le norvégien John Haugland remporte le Barum Rallye comptant pour le Championnat d’Europe. Un an plus tard, le tchèque Vaclav Blahna remporte le même rallye avec une voiture identique. C’est également lui qui créé la surprise au Rallye de Monte-Carlo 1977. Avec son copilote Lubislav Hlavka, il fait partie des trois équipages engagés par Skoda. Ils remportent la première place en catégorie A2 et la 12ème place au général de ce rallye très difficile.

La Skoda 130 RS obtient également de bons résultats sur piste. En 1978 et 1979, Skoda était la seule marque engageant officiellement des voitures dans le Championnat d’Europe. En 1980 face à une concurrence féroce, la marque a d’ailleurs remporté le titre de Vice-champion d’Europe et l’année suivante, le titre de Champion d’Europe sur circuit par équipe.

C’est une décision de la Fédération Internationale du Sport Automobile qui met fin à la carrière sportive de ce modèle en éliminant la catégorie avec une motorisation inférieure à  1,300 cm3. Tenter de rivaliser en catégorie jusqu’à 1,600 cm3 avec une voiture vieillissante n’avait pas beaucoup de sens et la production de la Skoda type 735 a donc été stoppée en 1981.

Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale

ultimatecarpage.com

supercar.net

swisscarsighting.com

mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :

autogaleria.hu

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