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18 octobre 2017 3 18 /10 /octobre /2017 07:00

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LES ACTEURS DE LA REVOLUTION  :  DANTON (31 / 52)

 

La République assiégée en 1793

 

 

 

LES FRONTIERES NATURELLES : JANVIER - FEVRIER 1793

 

 

 

 

    Le procès de Louis XVI* puis l’assassinat de Lepeletier de Saint-Fargeau ont quelque peu retardé la présentation, à la Convention, du rapport établi par les Commissaires envoyés en Belgique. C'est finalement Delacroix qui, les 22 et 23 Janvier, fait aux députés le compte rendu de la mission qu’il a effectuée, on s’en souvient, avec Danton et deux autres commissaires.

    Dumouriez est retourné sur le théâtre des opérations mais il n'a pas obtenu l'abrogation du décret de Décembre qui avait soulevé un vent de violence parmi la population belge. La situation sur place n'a cessé, depuis, de se dégrader. Seul le Hénaut a présenté une pétition demandant son rattachement à la République Française. Liège a exprimé le même souhait, par un vote « unanime », qui ne semble pourtant pas refléter l'opinion de l'ensemble de la population (1). En fait, dans les deux cas, ce ne sont que quelques « patriotes » qui, dans les villes ou les campagnes, ont forcé la main des électeurs. Dans le principe et dans sa grande majorité, le peuple belge reste opposé à son rattachement à la République française pour des raisons multiples d’ailleurs.

    Par contre, à Paris, beaucoup de députés sont favorables à ce que la Convention décrète l'annexion de la Belgique. A l'Assemblée où l'on vote, le 31 Janvier, la réunion du Comté de Nice à la France,  Danton, dans un discours véhément, saisit l'opportunité et demande que le même traitement soit appliqué à la Belgique :

 

« Ce n'est pas en mon nom seulement, c'est au nom des patriotes belges, du peuple belge, que je viens demander aussi la réunion de la Belgique. Je ne demande rien à votre enthousiasme, mais tout à votre raison, mais tout aux intérêts de la République Française (...) »

« Les limites de la France sont marquées par la nature. Nous les atteindrons dans leurs quatre points : à l'océan, au Rhin, aux Alpes, aux Pyrénées. On nous menace des rois ! Vous leur avez jeté le gant, ce gant est la tête d'un roi, c'est le signal de leur mort prochaine. On vous menace de l'Angleterre ? Les tyrans de l'Angleterre sont morts (...) » Quant à la Belgique, l'homme du peuple, le cultivateur, veulent la réunion. Lorsque nous leur déclarâmes qu'ils avaient le pouvoir de voter, ils sentirent que l'exclusion ne portait que sur les ennemis du peuple, et ils demandèrent l'exclusion de votre décret (..) De cette réunion dépend le sort de la République dans la Belgique. »

Ce n'est que parce que les patriotes pusillanimes doutent de cette réunion, que votre décret du 15 a éprouvé des oppositions. Mais prononcez-la et alors vous ferez exécuter les lois françaises, et alors les aristocrates, nobles et prêtres, purgeront la terre de la liberté. Cette purgation opérée, nous aurons des hommes, des armes de plus (murmures désapprobateurs dans l'Assemblée). La réunion décrétée, vous trouverez dans les belges des républicains dignes de vous, qui feront mordre la poussière aux despotes. Je conclus donc à la réunion de la Belgique. »  (2)

 

    L'idée des frontières naturelles, idée nouvelle dont Danton a assurément la paternité, consacre un véritable tournant dans la guerre menée par la République Française. Il ne s'agit plus aujourd'hui de délivrer les peuples tenus sous le joug des tyrans; il ne s'agit plus d'accueillir au sein de la République les populations qui, attirées par la liberté, en auraient fait la demande; il s'agit bien de mener une guerre de conquête ! Et, à cette idée, Danton ajoute la phrase qui provoque le brouhaha dans l'Assemblée : « nous aurons des hommes et des armes.. » Les murmures désapprobateurs d'aujourd'hui se tairont bientôt pour laisser place aux nécessités politiques et économiques. Car, en effet, comment la jeune république pourra-t-elle financer plus longtemps cette guerre d'expansion sans trouver ses ressources dans les pays conquis ?

    Mais le temps n'est pas encore venu pour les députés de concilier ces deux notions qui écartent la Révolution de ses principes de 1789-1790.

 

    L'appel de Danton pour la réunion de la Belgique à la République française ne sera pas entendu. Il faudra encore attendre un mois pour que les députés se décident à décréter l'annexion. Pour l'instant, ils n'acceptent que de temporiser en décidant de convoquer des assemblées primaires en Belgique. Il faut d'abord connaître le sentiment du peuple !...

    Danton repart pour la Belgique, le soir même, avec son ami Delacroix. Ils rejoignent leur collègue Gossuin et deux nouveaux commissaires, nommés quinze jours plus tôt : Treilhard (3) et Merlin de Douai (4).

 

 

    Les discours belliqueux de Danton et de bon nombre de ses collègues ne laissent pas l'Europe indifférente. L'Angleterre s'inquiète, bien évidemment, des opérations militaires françaises en Belgique. Mais l'euphorie a décidément gagné la majorité de la Convention. Sur un rapport de Brissot, la France déclare la guerre à l'Angleterre et à la Hollande le 1er Février 1793. Cinq semaines plus tard, ce sera au tour de l'Espagne. « Un ennemi de plus pour la France n'est qu'un triomphe de plus pour la liberté » proclame Barère !

 

    Au printemps 1793, la France sera en guerre avec pratiquement toute l'Europe. Une guerre qui ne se terminera qu'en 1814......

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)   Le vote de Liège a lieu le 20 Janvier 1793.

 9660 citoyens sur 9700; 49 sections sur 61 avaient demandé la réunion à la République française. Mais le nombre d'abstentions est bien supérieur au nombre de votants.

 

(2)   cité par Hector FLEISCHMANN  "Discours civiques de Danton" op. cit. Pages 47 à 49

 

(3)   TREILHARD (Jean Baptiste) : Né à Brive le 3 Janvier 1742. Avocat au Parlement de Paris en 1761, il est élu député du Tiers aux Etats Généraux où il prend une part active dans l'élaboration de la Constitution Civile du Clergé.

Elu par la Seine et Oise à la Convention, il se prononce pour la mort du Roi avec sursis. Il sera membre du premier Comité de Salut Public à partir du 6 Avril 1793 et jusqu'au 12 Juin.

Sans grande activité jusqu'au 9 Thermidor, il deviendra après l'élimination de Robespierre*, un acteur ardent de la réaction thermidorienne. Elu à nouveau au Comité de Salut Public puis au Conseil des Cinq Cents, il y siégera jusqu'en 1797. Le 15 Mai 1798, il sera élu membre du Directoire mais son élection, contestée par Siéyès, sera cassée 13 mois plus tard.

Rallié à Bonaparte, il contribuera à la rédaction du Code Civil. Il mourra comblé d'honneurs le 1er Décembre 1810 et sera inhumé au Panthéon.

 

(4)   MERLIN de DOUAI (Philippe Antoine Merlin, dit) : Né le 30 0ctobre 1754. Avocat à Douai, il est élu aux Etats Généraux par le Tiers Etat de cette ville. Président du Tribunal criminel du Nord pendant la Législative, il est élu par ce département à la Convention. Il vote la mort du Roi.

Il accomplira une œuvre importante au Comité de Législation notamment dans l'élaboration de la loi des suspects votée le 17 Septembre 1793.

Après le 9 Thermidor il sera appelé au Comité de Salut Public. Il sera ensuite élu au Conseil des Anciens puis promu Ministre de la Justice. Artisan du coup d'état du 18 Fructidor, il sera nommé Directeur mais devra démissionner le 18 Juin 1799. Bonaparte le fera Baron d'Empire. Exilé au retour de Louis XVIII, il reviendra cependant finir sa vie à Paris et y mourra le 25 Décembre 1838.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A SUIVRE :

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : DANTON (32/52)

 

GABRIELLE .... : FEVRIER - MARS 1793

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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