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1 octobre 2017 7 01 /10 /octobre /2017 08:00

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LES ACTEURS DE LA REVOLUTION   :   DANTON (1 / 52)

 

 La maison de Danton à Arcis-sur-Aube

 

 

ARCIS-SUR-AUBE : 1759

   

 

 

    C'est le 26 Octobre 1759 que Jacques Danton, Procureur au bailliage d'Arcis-sur-Aube, et Jeanne-Madeleine Camut, sa seconde épouse, portent sur les fonds baptismaux de l’église Saint-Etienne d'Arcis-sur-Aube leur fils Georges-Jacques Danton né le matin même. Son parrain est Georges Camus, charpentier, et sa marraine est Marie Papillon, fille d’un chirurgien. Arcis-sur-Aube est alors une petite ville rurale qui compte moins de 3 000 habitants et qui dépend du baillage de Troyes.

 

    Mariés depuis 1754, les deux époux sont d'origine modeste mais ils appartiennent maintenant à la petite bourgeoisie de robe qui tente de se rapprocher de la noblesse par l’achat de charges de judicatures.. Ils vont avoir cinq enfants mais, Jacques Danton, le Procureur, ne connaîtra pas le cinquième. Il meurt en effet à l'age de 40 ans, (1) alors que son épouse est enceinte et que Georges-Jacques, le dernier, n'a que deux ans et demi. Le jeune garçon ne gardera pratiquement aucun souvenir de son père.

 

    C'est donc une éducation exclusivement maternelle que va recevoir le jeune Danton. Sa mère, restée veuve pendant près de huit ans, ne se remarie qu'en 1770 avec un filateur de coton qui jouit, dans la région, d’une solide réputation d'homme travailleur, honnête et droit : Jean Recordain.

    Georges-Jacques éprouve une profonde tendresse pour sa mère mais, l'instabilité de la situation familiale lors de ses premières années va faire de lui un enfant indiscipliné et turbulent. C'est l’un des traits majeurs de son caractère qu'il gardera tout au long de sa vie.

 

    Sans doute ce caractère impétueux lui jouera bien des tours au fil de son existence mais, pour l’heure, il est à l’origine de deux vilaines blessures au visage qui vont le marquer à vie. Deux accidents, survenus alors qu'il était encore très jeune, l'ont totalement défiguré. Le coup de corne d'un taureau lui a déformé la lèvre supérieure en lui laissant une vilaine cicatrice. Un autre taureau, avec lequel il a tenté un combat un peu fou, lui a écrasé le nez. Comble de malchance, le visage du jeune Georges-Jacques déjà très marqué  sera, quelques années  plus tard, grêlé par la petite vérole. Il aura, très jeune, « ce mufle d'affreux lion qui impressionnera le monde » (2)

 

    Il a peu de goût pour l'école. Il préfère, de très loin, les grandes promenades solitaires dans la campagne à la présence studieuse sur les bancs de sa classe. Mais il est d'une intelligence vive et rattrape rapidement le temps et les leçons perdues. C'est au Collège de Sézanne, paisible chef-lieu de baillage riche de 121 paroisses, qu'il apprend à lire, à écrire, et qu'on lui inculque les premiers rudiments de latin. Il est ensuite placé au petit séminaire de Troyes bien que sa mère n’ait jamais manifesté la moindre intention de le faire entrer dans les ordres. Il va y rester deux ans et, dans le même temps, il suivra les cours d’humanité au Collèges des Oratoriens de la ville à partir de 1772.

 

.    Un peu sauvage, ayant un goût de l'indépendance très prononcé, Georges-Jacques aura beaucoup de mal à se plier à la discipline relativement stricte du Collège des Oratoriens. Il va pourtant y rester jusqu'à la fin de l’année 1775 pour suivre les cours de seconde et de rhétorique. S'il ne laisse pas dans cet établissement le souvenir d'un élève extrêmement brillant, il est cependant considéré comme un bon élément, quand il veut s'en donner la peine, et remporte, chacune des années, des classements forts honorables. Il se fera, en tout cas, plus remarquer, là encore, par sa tête dure et son allergie à toute espèce de contrainte, que par ses succès scolaires.

    Contrairement à la majorité de ses camarades, Georges-Jacques n’est pas pensionnaire au Collège des Oratoriens. Il loge et prend ses repas du soir dans une petite pension modeste tenue par M. Richard. Il peut donc profiter des soirées dans la « grande ville » de Troyes qui compte à cette époque presque dix fois plus d’habitants qu’Arcis-sur-Aube. Avec quelques camarades ils ne vont pas se priver de faire la fête mais surtout de braver l’interdit pour aller faire de longues baignades dans la Seine.

 

    Pendant ces années passées au Collège, années au cours desquelles Georges-Jacques est un adepte de « l'école buissonnière », on lui prête l'aventure qui suit. En Juin 1775, Louis XVI* doit être couronné à Reims et le professeur de rhétorique donne à ses élèves, comme sujet d'amplification, le récit du couronnement du souverain. Georges-Jacques décide alors d'aller voir, de ses propres yeux, la cérémonie. Le 7 Juin, il « fait le mur » et part pour quatre jours de marche dans la campagne; 28 lieues à pieds jusqu'à Reims où, parait-il, il réussit à se glisser jusqu'à l'intérieur de la cathédrale. Il y entend le nouveau Roi prêter serment et même, conformément à la tradition, jurer d'exterminer les hérétiques. (3)  Cette formule lui a plu et l’a particulièrement marqué.

 

    De retour au Collège, il fait de son escapade un très beau récit. Un peu invraisemblable cependant car il est difficile d'imaginer qu'un adolescent aussi jeune ait pu accéder, auprès de tous les grands du royaume, à la cérémonie du Sacre. Sa narration, fort détaillée, n'en a donc que plus de valeur : l'élève Danton aura fait preuve, en la circonstance, d'une imagination très féconde !...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)   Le 24 Février 1762

 

(2)   Louis MADELIN  "Danton"

Hachette, Paris, 1914

 

(3)   Voir  "Louis XVI"

 

 

 

 

 

 

A SUIVRE :

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : DANTON (2/52)

 

L'EDUCATION PERSONNELLE : 1775 – 1780

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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