Alors que la semaine dernière les chaines de télévision diffusaient largement les images du démantèlement d’un camp de 2 000 migrants au nord de la Capitale, les Ministres préparaient activement un plan pour faire face à l’urgence de la situation. Le gouvernement a présenté son "plan migrants" mercredi 12 juillet en Conseil des ministres. Il s'agit d'un côté d'augmenter le nombre de place d'hébergement, et de l'autre, de contrôler les flux migratoires.
Augmenter le nombre de places d'hébergement
A l'heure actuelle, selon les chiffres donnés par le Premier ministre, "40% des demandeurs d'asile n'ont pas accès à un hébergement". Le gouvernement souhaite donc créer "4.000 places (…) en 2018" pour les demandeurs d'asile et "3.500 en 2019", soit une hausse de 10% du dispositif existant. Parallèlement, "5.000 places" d'hébergement provisoire seront également créées.
Ces places ne permettront pas de couvrir les besoins des 550 migrants qui se sont réinstallés dans le Nord de Paris. "Je n'ai pas de baguette magique", a commenté Edouard Philippe, en précisant toutefois que des crédits d'hébergement d'urgence avaient été "préservés".
Le gouvernement envisage aussi "un plan d'action spécifique" pour les mineurs non accompagnés à la rentrée 2017.
Réduire les délais de procédure pour les demandeurs d'asile
Autre objectif du gouvernement, déjà annoncé par Emmanuel Macron durant la campagne électorale, "réduire considérablement les délais de procédure de demande". Le gouvernement souhaite les ramener à 6 mois contre 14 en 2016. Un objectif qui suppose de réduire les délais d'enregistrement, de convocation à l'entretien et de traitement des dossiers à l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) qui devra boucler l'instruction en deux mois d'ici la fin 2018 (contre 5 actuellement).
Pour ce faire, "une augmentation des moyens" est prévue pour l'Ofpra, la cour d'appel et des guichets en préfecture, qui accueille les migrants en premier lieu. Bémol : le Premier ministre n'a pas donné de chiffres concrets, ni détaillé le budget de l'ensemble du plan.
Renforcer la formation, en particulier les cours de français
Emmanuel Macron a, à plusieurs reprises, parlé de l'intégration des migrants. Le plan envisage de "refonder la politique" d'intégration, afin de "garantir l'égalité des chances des réfugiés". L'accent sera notamment mis sur la formation. Les quotas d'heures de français seront par exemple "progressivement" doublés ; le dispositif actuel prévoyant 200 heures d'apprentissage du français.
Un délégué interministériel à l'intégration des réfugiés sera par ailleurs nommé, et "un conseil interministériel sur l'intégration se réunira d'ici fin 2017".
Contrôler les flux migratoires, renvoyer les personnes déboutées
Ces mesures d'accueil à destination des migrants s'accompagneront aussi, de l'autre côté, d'une régulation des flux migratoires. Il faut "faire en sorte" que ces arrivants "comprennent qu'il ne sera pas possible d'accueillir la totalité des migrants économiques dans notre pays", a ainsi déclaré Edouard Philippe.
Ainsi, les personnes déboutées feront "systématiquement l'objet d'une mesure d'éloignement" dès le rejet de leur demande d'asile. Une mesure compliquée à mettre en œuvre : sur 91.000 étrangers en situations irrégulière interpellés en 2016, 25.000 ont effectivement quitté le territoire.
Le gouvernement souhaite aussi "redéfinir le cadre juridique de la rétention". Comprendre : allonger la durée de la rétention, actuellement limitée à 45 jours.
Transfert vers leur pays européen d’entrée
Edouard Philippe souhaite aussi augmenter le taux de transfert des migrants vers le pays européen de leur première entrée, pays où ils ont laissé leurs empreintes pour la première fois. Ce taux stagne aujourd'hui à 10% environ. Or, ce type de migrants est de plus en plus présent, à Paris et Calais notamment. Pour augmenter ce chiffre, le gouvernement souhaite créer 1.000 places d'hébergement où les personnes assignées à résidence attendront leur transfert.
Il faudra évidemment attendre la mise en œuvre de ce plan qui demandera forcément du temps. L’augmentation des moyens, notamment pour la procédure de demande d’asile, nécessite de recruter du personnel et de le former. On risque bien de voir à nouveau, dans les mois qui viennent, des camps ici ou là !..
Source : LeJDD.fr 12-07-2017