La veille d’une réunion stratégique du Bureau Politique chez « Les Républicains », les prises de position se multiplient et les risques d’éclatement du parti n’ont jamais été aussi grands.
Valérie Pécresse va créer son propre mouvement baptisé «Libres!»
Pressentie depuis quelques semaines pour prendre la tête du parti, Valérie Pécresse annonce la création de « Libres! », un mouvement d'idées au sein des Républicains pour incarner la droite «authentique», «ni soumise à Macron ni poreuse avec le FN».
Valérie Pécresse dépose les armes avant d'avoir mené le combat. «Je ne participerai pas à une guerre des chefs cet automne, parce qu'elle serait stérile tant que la question de la ligne n'est pas tranchée», dit la présidente de la région Île-de-France dans les colonnes du JDD. Une annonce qui sonne comme son retrait de la course pour la présidence du parti Les Républicains, où elle était pressentie pour s'opposer à Laurent Wauquiez, le seul candidat qui postule aujourd’hui à la tête du parti.
L'élue d'Île-de-France déplore le fait que «certains veulent un retour à la ligne Buisson, celle qui nous a fait perdre en 2012», estimant que «derrière, il y a la tentation d'un rapprochement avec l'extrême droite». Elle précise ne pas faire «seulement» allusion à Laurent Wauquiez, le numéro deux des Républicains.
«La droite n'est pas foutue», dit-elle.
Interrogée sur la façon dont elle compte défendre ses idées si elle n'est pas candidate, la présidente de région répond: «J'ai décidé de créer un mouvement d'idées qui, à ce stade, se situe au sein des Républicains». «Libres! serait un beau nom, soyonslibres.fr sera notre site», ajoute-t-elle, précisant que ce mouvement est «l'ultime tentative pour qu'on reste unis».
«J'ai vécu Copé-Fillon de l'intérieur», dit l'ex-ministre et députée. «Nos électeurs ne nous pardonneraient pas un nouveau pugilat», comme cette guerre interne de fin 2012. Pour Valérie Pécresse, il aurait été «logique» de se mettre d'accord sur une ligne «avant de choisir un leader», mais elle ne se fait «pas d'illusions» car «tout le monde a envie de se débarrasser de cette question le plus vite possible».
Les dates des 11 et 17 décembre sont envisagées pour l'élection d'un nouveau président et seront proposées au bureau politique du 11 juillet
Les “constructifs” ont reçu leur convocation d'exclusion de LR
«Je ne sais pas si je m'y rendrai», a indiqué Thierry Solère dans Le Parisien. «On me reproche quoi ?», s'interroge-t-il encore, disant refuser la «ligne identitaire».
Unanimement salué pour avoir organisé le scrutin interne aux Républicains en novembre dernier, Thierry Solère est désormais mis au ban de son propre parti. En cause, le fait qu'il ait décidé, avec d'autres élus de la droite et du centre, de fonder un groupe de “Constructifs” pro-gouvernement à l'Assemblée nationale. Une initiative qui est vue d'un très mauvais œil par les cadres de Vaugirard, qui entendent incarner une opposition franche à Emmanuel Macron.
Ainsi le député des Hauts-de-Seine affirme-t-il dimanche 9 juillet dans « Le Parisien » qu'il a «reçu (sa) convocation d'exclusion par courrier». «Comme Édouard Philippe (premier ministre, ndlr), Gérald Darmanin (ministre de l'Action et des comptes publics, ndlr), Franck Riester (patron des députés “constructifs”, ndlr) et Sébastien Lecornu (co-secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, ndlr)», assure-t-il encore, sans toutefois citer le ministre de l'Économie Bruno Le Maire.
« On me reproche d’avoir fait un groupe parlementaire distinct des Républicains? Eh bien, si c'est cela, je dis à messieurs Accoyer, Wauquiez et Ciotti qu'ils étaient membres du groupe R-UMP, qui avait scindé un temps le groupe UMP à l'Assemblée nationale lors de la précédente législature. Ils n'ont pas été exclus pour autant à l'époque», rappelle-t-il, dans une allusion au conflit qui avait opposé Jean-François Copé et François Fillon à l'hiver 2012.
La question de la ligne politique doit être tranchée par les militants
A la veille d'une réunion stratégique de l'état-major de LR, Thierry Solère affirme que «la question de la ligne (...) doit être tranchée par les militants et non par le bureau politique». «Il y aujourd'hui deux lignes: une identitaire qui frise souvent le populisme et, en face, une ligne européenne, constructive à l'endroit de ce gouvernement, qui cherchera en permanence l'intérêt général», croit-il savoir, ciblant implicitement Laurent Wauquiez, le très droitier président de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Contrairement à Valérie Pécresse, qui vient d'annoncer qu'elle ne briguerait pas la présidence de LR, l'élu de Boulogne-Billancourt affirme que tout reste «très ouvert» de son côté. «Nous verrons avec ceux qui, à droite et au centre, partagent les mêmes idées, pour nous organiser». Il n'exclut pas non plus de poursuivre sa route hors de LR: «Nous discuterons collégialement, dans les mois à venir, de la façon dont nous voulons organiser tout cela. Beaucoup d'élus locaux sont d'ailleurs prêts à nous suivre», prévient-il.