La brouille entre Jean-Luc Mélenchon et l’ex Premier Ministre Bernard Cazeneuve n’est pas nouvelle mais elle a pris, ces derniers jours, une intensité qui risque de conduire les deux hommes devant les tribunaux. On se souvient que le leader de « La France Insoumise » avait refusé de prendre clairement partie, entre les deux tours de l’élection présidentielle, entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Ce qui lui avait valu une réplique assez cinglante de la part de Bernard Cazeneuve.. Dans une tribune publiée le 1er mai dans « Libération », Bernard Cazeneuve, alors Premier ministre, avait estimé que ne pas appeler à voter pour Emmanuel Macron contre Marine Le Pen était une "impardonnable faute morale". "A Jean-Luc Mélenchon et à ceux qui le suivent ou tergiversent, je veux dire qu'il est encore temps de faire le choix de la République", déclarait-il. Des propos qui n'ont pas plu du côté de « La France insoumise ». La semaine dernière, à deux reprises, Jean-Luc Mélenchon a vivement critiqué Bernard Cazeneuve, notamment dans sa gestion du dossier Sivens à l'origine du décès de Rémi Fraisse le 26 octobre 2014.
"Ce type ose la ramener avec son costume de bedeau"
Lors d’un meeting de soutien à Danielle Simonnet mercredi 24 mai dernier dans la 6e circonscription de Paris, Jean-Luc Mélenchon revient sur les propos de Bernard Cazeneuve à propos de son attitude face au Front national. "Ce type ose la ramener avec son costume de bedeau. Oui le bedeau du capital et de ce gouvernement! Qui est-ce qui a tué Rémi Fraisse sauf erreur? C'est pas moi non? Pourtant c'est à moi que cet homme ose venir dire, ce génie, que je n'ai pas su prendre mes distances avec le Front national", lance alors Jean-Luc Mélenchon. "M. Cazeneuve, t'étais où toi la dernière fois, quand je suis allé à Hénin Beaumont? T'étais caché sous quelle pierre, dans quel fossé? […], il était où, ils étaient où toute cette bande?", a-t-il alors poursuivi, accusant ces "antifascistes d'opérette" d'avoir "amené le monstre".
"Sa violence ne m'impressionne pas"
Bernard Cazeneuve réagit alors une première fois vendredi 26 mai, dénonçant le "discours de haine" et la "dérive politique et morale" du leader de La France insoumise. "Sa violence, ses insultes ne m'impressionnent pas. Elles apportent la démonstration de ce qu'il est vraiment", concluait dans une déclaration transmise à l'AFP l'un des chefs de file de la campagne du PS pour les législatives.
"Cazeneuve, le gars qui s'est occupé de l'assassinat de Rémi Fraisse"
Un nouvel épisode de cette joute verbale s’est passé encore mercredi 24 mai dernier. Mais quelques heures plus tard, à Montreuil, alors que Jean-Luc Mélenchon est venu soutenir Alexis Corbière, candidat dans la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis, qui était son porte-parole lors de la présidentielle. "Cazeneuve, le gars qui s'est occupé de l'assassinat de Rémi Fraisse. Le gars qui a fait gazer, matraquer toutes les manifestations et qui prend maintenant sa tête de petit sainte-nitouche pour dire que c'est moi qui ne sais pas choisir entre le Front national et je sais pas qui", avait lancé le leader de la France Insoumise.
"Jean-Luc Mélenchon a franchi la frontière de la diffamation"
Ces propos réitérés conduisent Bernard Cazeneuve à réagir à nouveau dimanche 28 mai : "Coutumier de l'outrance et de l'abaissement du débat public, Jean-Luc Mélenchon a franchi la frontière de la diffamation. Par ses propos à mon sujet, il démontre que l'insulte est devenu son mode de pensée et d'expression", a réagi Bernard Cazeneuve dans un communiqué. "Parce que je crois que le débat d'idée implique du respect et doit prévaloir sur l'invective, la manipulation et le mensonge, j'ai décidé de porter plainte contre Jean-Luc Mélenchon pour diffamation", a ajouté l'ancien Premier ministre.
Le Parti socialiste a également condamné dimanche les "propos diffamatoires et volontairement provocateurs" à ses yeux de Jean-Luc Mélenchon à l'encontre de Bernard Cazeneuve, jugeant que le leader de la France insoumise avait recouru à "des méthodes que ne réprouverait pas l'extrême droite sur internet". "Franchement, qu'est-ce que c'est que ces propos? On accuse le Premier ministre d'avoir assassiné? On est où là? Il faut à un moment donné que Jean-Luc Mélenchon redescende sur terre", a réagi le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, lundi 29 mai sur France Info.
Invitée ce lundi 29 mai au matin de RMC, Charlotte Girard, la co-responsable du programme de la France insoumise lors de la présidentielle et candidate dans la 10e circonscription de l'Essonne, a évoqué la "responsabilité politique" de Bernard Cazeneuve à l'époque des faits.
A moins de deux semaines du premier tour des élections législatives, Jean-Luc Mélenchon a décidé de multiplier les déplacements pour ne pas permettre à Emmanuel Macron d'obtenir une majorité à l'Assemblée nationale. "Si Macron reçoit une majorité absolue, il foncera. Il aura les pleins pouvoirs. Et ça va faire très mal", met-il en garde dans une note de blog publiée dimanche. Pour l'heure, pas un mot sur la plainte que souhaite déposer Bernard Cazeneuve.
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