Le score de Benoît Hamon au premier tour de la présidentielle - 6,35% - est le pire de l'histoire du PS. Il promet des lendemains difficiles, sinon insurmontables, au Parti socialiste.
A peine les résultats, provisoires, avaient-ils été annoncés dimanche 23 avril au soir, que les règlements de comptes avaient déjà commencés. Ils se sont poursuivis lundi matin lors du bureau national du PS. "Le schisme est inévitable", prédit, en privé, Christian Paul, l'un des soutiens de Benoit Hamon. "Il va être compliqué de co-exister avec les saboteurs de notre campagne", confirme un intime du candidat. Les proches d'Hamon sont convaincus d'avoir, malgré tout, mené une belle campagne. Ils sont persuadés d'avoir semé des thèmes qui demain permettront une bien meilleure récolte. Aucun élément ne peut pourtant les assurer de réussir.
L’effondrement du PS est historique. Pour réaliser à quel point le parti a déçu ses électeurs il suffit de regarder les fiefs de la gauche dans le Volvestre : à Montesquieu-Volvestre, où le maire est député PS et où son parti récoltait 75% des voix il n’y a pas si longtemps, Benoit Hamon a totalisé 8,79% des voix !..
L’étiquette socialiste est-elle toujours d’actualité ?
Preuve que la situation est grave c’est que dans l’entourage de Benoit Hamon on ne se sent plus tellement attaché au parti. D'autant qu'après un quinquennat de défaites électorales, une question se pose : l'étiquette socialiste est-elle toujours si enviable? Si indispensable? Tous n'en sont pas convaincus. "L'étiquette socialiste est pourrie parce qu'elle est associée à Manuel Valls et à François Hollande. Mais une fois que l'élection est passée, c'est une nouvelle histoire qui commence", nuançait un hamoniste en milieu de semaine.
De l'autre côté du parti socialiste, on estime que c'est Hamon le saboteur. Que c'est lui et les frondeurs qui ont pourri le quinquennat. "Cela fait longtemps que nous n'avons plus grand chose à faire ensemble. Comment peut-on avoir le quinquennat que l'on a eu, la campagne que l'on a eue et rester dans le même parti?", se demande, en privé, le ministre vallsiste Jean-Marie Le Guen. "Revitalisation du PS, transformation ou explosion? Toute personne qui peut y répondre dès maintenant est soit un débile, soit un visionnaire. Mais si le PS de demain, c'est défendre le revenu universel et le shit pour tous, on sera 80% à ne plus rien avoir à y faire", menace un vallsiste du premier cercle.
La fin d’un cycle
Aujourd'hui, après une évolution sociale-démocrate, voire sociale-libéral, jamais totalement assumée et camouflée par des années de "synthèse molle" façon François Hollande, la vieille maison est devenue une pétaudière. Deux lignes s'affrontent. Elles semblent plus irréconciliables que jamais. Une ligne sociale-libérale, compatible avec Macron et une ligne écolo-socialiste, qui n'est pas sans accointance avec les idées de Mélenchon.
Le risque d’explosion existe donc. Mais la perspective des législatives devrait la retarder. S'ils veulent avoir une chance de sauver les meubles, les socialistes n'ont-ils pas intérêt à poser, pour un temps, et encore une dernière fois, un voile pudique sur leurs divisions?
Qui mènera la campagne des législatives?
"C'est après les législatives que les questions vont se poser", abonde un ministre. Il y aura tout de même une première bataille pour savoir sur quelle ligne politique sera conduite la campagne des législatives. Et par qui. Par Hamon? Par Le Foll? Par Cazeneuve? "Il y aura besoin d'un engagement très fort de Cazeneuve. Il est à la fois consensuel et fort. Nous sommes dans un moment où nous aurons besoin de personnalités comme cela", estime un ministre. Le Foll et Cazeneuve semblent être décidés à prendre conjointement les rennes du parti pour cette future campagne. Est-ce qu’on les laissera faire ?...
Et que fera Cambadélis, qui a su rester très discret pendant cette campagne? "Jean-Christophe, ça fait longtemps qu'il a le cul entre deux chaises. Il va bien falloir qu'il en choisisse une", critique un pilier de l'aile droite du parti.
Un haut dirigeant du PS, vieux routier de l’appareil et pourtant habitué à la synthèse, redoute l'après législatives : "Le 18 juin, il n'y aura qu'un seul groupe socialiste à l'Assemblée. Mais six mois plus tard, je n'en sais rien. On est parti pour des années de bordel..."
Source : LeJDD.fr 24-04-2017
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