On craignait le pire avec Donald Trump notamment dans les relations internationales. On risque bien de ne pas être déçus !.. Le Président élu a échangé vendredi 2 décembre dernier avec la présidente de Taïwan puis le président populiste des Philippines Rodrigo Duterte. Ces échanges inédits ont immédiatement soulevé des questionnements diplomatiques, tendant brutalement les relations entre la Chine et les Etats-Unis.
Quelques minutes au téléphone et voilà Donald Trump sur le point de provoquer une crise majeure entre les Etats-Unis et la Chine. Le président américain élu a en effet parlé vendredi 2 décembre au soir avec la présidente de Taïwan Tsai Ing-wen. Il a de fait franchi un Rubicon que personne, à Washington, n'aurait osé depuis l'indépendance de Taïwan.
Quarante ans de statu quo
Depuis les années 70, les Etats-Unis se sont rangés au côté de la Chine contre Taïwan. En 1979, Washington a même rompu ses relations diplomatiques avec Taipei pour satisfaire Pékin. Donald Trump a remis en cause 40 ans d'un statu quo diplomatique vendredi 2 décembre au soir, alors même qu'il n'est pas encore au pouvoir. Lors de leur conversation, sans précédent à ce niveau depuis des décennies, Donald Trump et Tsai Ing-wen "ont pris note des liens étroits en matière économique, politique et de sécurité entre Taïwan et les Etats-Unis", selon un compte-rendu de l'équipe du prochain locataire de la Maison Blanche.
Trump contre l'hypocrisie du statu quo diplomatique
La présidente taïwanaise, élue en mai, et le président américain élu le 8 novembre et qui prêtera serment le 20 janvier, se sont mutuellement "félicités", a ajouté le communiqué, qui rapporte aussi des appels téléphoniques vendredi avec le président afghan Ashraf Ghani, le président populiste des Philippines Rodrigo Duterte et le Premier ministre de Singapour Lee Hsien Loong. Et là encore, il a été question de la Chine puisque Donald Trump a soutenu la très controversée guerre contre la drogue de Rodrigo Duterte aux Philippines, soutenant encore ce dernier contre la présence de navires de guerre chinois dans ses eaux territoriales.
Face aux critiques soulevées par sa discussion avec la dirigeante taïwanaise, Donald Trump a tweeté dans la soirée : "La présidente de Taïwan M'A TELEPHONE aujourd'hui pour me féliciter de ma victoire à la présidence. Merci!" Et de pointer l'hypocrisie de la situation : "Intéressant le fait que les Etats-Unis vendent des milliards de dollars d'équipement militaire à Taïwan mais (que) je ne devrais pas accepter un appel de félicitations."
Tendance à l’improvisation
A Washington, le corps diplomatique est en état d'alerte. Non seulement l'appel téléphonique n'était pas prévu, mais la justification du président élu sur Twitter a alourdi un peu plus le climat, désormais pesant, entre la Chine et les Etats-Unis. Christopher Hill, ex-secrétaire d'Etat adjoint pour l'Asie orientale et le Pacifique du républicain George W. Bush, a estimé sur CNN que cet entretien était "une énorme erreur", déplorant la "tendance à l'improvisation" de la future administration Trump.
La Maison Blanche, occupée jusqu'au 20 janvier par le président démocrate Barack Obama, a réaffirmé vendredi soir son soutien à la politique de "la Chine unique". "Il n'y a aucun changement dans notre politique de longue date", a indiqué à l'AFP Emily Horne, porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC).
A Pékin, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a d'abord parlé d'"une basse manœuvre manigancée par Taïwan". "Cela ne peut tout simplement pas modifier le cadre d'une seule Chine intégré par la communauté internationale [et] je ne pense pas que cela changera la politique adoptée depuis des années par les Etats-Unis", a déclaré le ministre à la télévision hong-kongaise Phoenix TV. Mais l'ensemble des diplomates, aux Etats-Unis comme en Chine, espèrent la nomination rapide d'une secrétaire d'Etat, l'équivalent du ministre des Affaires étrangères chinois. Expérimenté de préférence.
Source : leJDD.fr 03-12-2016