Les grands carrossiers italiens, réputés dans le mode entier, ont été malheureusement mis en difficulté à partir des années 60, incapables de faire face aux défis d'un monde dans lequel les constructeurs automobiles peuvent concevoir et produire, avec compétence, même leurs modèles en petites séries. Et pourtant cette industrie avait été florissante. Nul part ailleurs on ne pouvait trouver un tel heureux mélange de talent artistique et de compétences techniques dans le domaine du style et de la carrosserie automobile. Donc, quand la Carrosserie Touring de Milan présente sa superbe deux portes nommée Praho sur un châssis Alfa Romeo 2000 au Salon de l’Automobile de Turin en 1960, personne n’est particulièrement surpris. Ce n’est là qu’un nouvel exemple du savoir faire latin car l’élégante carrosserie en aluminium Superleggera est la dernière née d’une succession de voitures de prestige construites sur la plate-forme 102 d’Alfa Roméo.

Un autre carrossier italien Vignale participe au même salon avec sa propre vision sur  le même thème Alfa Roméo coupé 2000. Mais c’est le modèle Praho qui va attirer le regard des visiteurs. La quatre places élégante est due au talent du styliste de Touring Carlo Felice Anderloni. L’objectif de Touring est de courtiser Alfa Roméo qui a pour principal fournisseur le turinois Bertone qui fabrique le coupé sprint 2000. Certes Touring a réalisé la carrosserie du spyder 2000 et continuera à produire le spyder 2600 mais le coupé sprint est bien le modèle phare de la gamme Alfa Roméo.

Après avoir brillé au salon de Turin, la Praho, retourne dans l’ombre et est vite oubliée. Touring conserve la voiture jusqu'à ce que l'entreprise disparaisse en 1967 rachetée par le concessionnaire Alfa Minetti à Milan. Elle est alors transportée à Hong-Kong après avoir été repeinte en gris argent. Elle disparait ensuite complètement jusqu‘au début des années 2010 date à laquelle elle est achetée par l'ancien architecte et collectionneur de voitures d’exception Corrado Lopresto.

Le Praho n’a alors que 700 kilomètres au compteur et est en excellent état. Sous le capot le moteur quatre cylindres de 1 975 cc de cylindrée qui développe une puissance maxi de 115 cv à 5 800 t/mn. M. Lopresto qui possède une très belle collection de voitures uniques italiennes a un faible pour son Alfa Roméo Praho qu’il n’ose pas trop conduire pour la préserver. Il la présentera au Concorso d’Eleganza Villa d’Este en 2011.

A l’intérieur toute l’instrumentation de bord est inspirée de l’aéronautique avec une console centrale originale qui rassemble pratiquement toutes les commandes. L’ergonomie a été parfaitement étudiée. La boite à gants à porte coulissante est disposée sur le coté de l’habitacle et tout est impeccablement fini dans tous les détails avec des matériaux, et en particulier le cuir, de tout premier choix. Les larges surfaces vitrées rendent l’habitacle très lumineux.

La direction est légère, la commande de boite de vitesses très douce, le confort des sièges exceptionnel, tout cela donne à l’Alfa Roméo Praho la qualité et l’opulence d’une excellente voiture de tourisme. Malheureusement, la marque italienne, dans ces années 60 est plutôt à la recherche de voitures pratiques et astucieuses, à des prix abordables. Elle choisit le volume de production pour augmenter ses profits et abandonne le marché du luxe à Lancia ou aux étrangers que sont Mercedes-Benz ou Jaguar.

Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale

ultimatecarpage.com

supercar.net

swisscarsighting.com

mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :

autogaleria.hu

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