Tel qu’il a été présenté par Michel Sapin, et malgré toutes les entourloupes qu’il contient, le Projet de Loi de Finance pour 2017 ne sera pas voté au Parlement par une bonne partie de la gauche. Ils se sont déjà abstenu l’année dernière ils feront de même cette année. Or, à sept mois de la présidentielle, leur soutien est indispensable à l'exécutif. François Hollande sait bien que sans un PS uni et sans l’appui des syndicats CGT et FO ses chances sont minimes.
D’où l’idée de remettre un coup de barre à gauche ! C'est le mantra gouvernemental de cette rentrée. Selon les informations dévoilées par « Le Parisien », l'exécutif travaille à un plan d'annonces aux allures d'opération séduction, censé redonner du grain à moudre aux « sociaux ». Entendez : les députés PS et frondeurs opposés à la loi Travail, et surtout les syndicats CGT et FO qui n'ont toujours pas déposé les armes.
Pendant plusieurs semaines, Myriam El Khomri, la ministre du Travail, a pris le pouls des partenaires sociaux. Un round d'entretiens en tête à tête qui se termine cette semaine. Sa lettre de mission : tester plusieurs pistes de ce virage à gauche auxquelles l'Elysée serait prêt à donner son feu vert...Et qui pourrait ramener les récalcitrants dans le giron de la « gauche » gouvernementale.
Déplafonnement des cotisations chômage
Dans le panier du gouvernement, on trouve des mesures qui ne vont pas, mais pas du tout, faire plaisir au Medef. Comme le déplafonnement des cotisations chômage, une proposition faite au printemps par la Cour des comptes et soutenue par la CGT, FO et la CGC. Aujourd'hui, sur les gros salaires, seule la part inférieure à 12 680 euros par mois est soumise à cotisations chômage. Au-delà, aucune contribution n'est prélevée. En « chargeant » les hauts salaires, concentrés pour la plupart parmi les cadres dirigeants de grandes entreprises, mais aussi chez les footballeurs par exemple, cette mesure de « justice sociale » rapporterait 800 M€ aux caisses de l'assurance chômage, selon le chiffrage de la Cour. Soit le montant des économies réclamées cette année à l'Unédic par Bruxelles. Un moyen, aussi, d'éviter d'avoir à serrer la vis aux chômeurs.
Taxation des CDD
L'autre marqueur de gauche mis sur la table concerne la taxation des contrats courts. Après avoir promis de l'inscrire dans la loi El Khomri, le Premier ministre s'était ravisé sous la pression du Medef, laissant le soin aux partenaires sociaux d'en discuter.
L'échec des négociations sur l'assurance chômage au printemps a rebattu les cartes. Le gouvernement a maintenant les mains libres et peut décider seul des mesures à prendre. Pour la forme, il a demandé aux partenaires sociaux de se remettre autour de la table en octobre, tout en sachant que rien n'en sortirait. Car le Medef, très divisé par la course à la succession de Pierre Gattaz, ne veut pas en entendre parler.
L'Elysée craint des annonces de plans sociaux
Parmi les autres pistes sur lesquelles travaille encore l'exécutif, un plan de lutte contre les discriminations et des dispositions pour répondre aux attentes des jeunes est dans les tuyaux. Visiblement, à quelques mois des échéances électorales, l'Elysée cherche à tout prix le soutien d'une majorité des syndicats. Car, selon nos informations, l'Elysée redoute une vaste campagne de la part du patronat pour accélérer les annonces de plans sociaux. Une fois que les décrets sur la loi Travail seront publiés.
Source : LeParisien.fr 29-09-2016