Il n’en finit pas de ressouder une majorité qui part en lambeaux. Hier c’était la déchéance de la nationalité pour laquelle il a mis tout son poids dans la balance, aujourd’hui c’est la réforme du code du travail pour laquelle la polémique enfle dangereusement. Et le moins que l’on, puisse dire c’est que le Premier Ministre n’est pas aidé par le Président qui pratique toujours sa politique hésitante. Manuel Valls va-t-il quitter Matignon avant 2017 ? C’est maintenant une hypothèse tout à fait plausible, d’autant plus que les chances de François Hollande s’amenuisent de semaine en semaine !... Le Premier ministre pourrait mettre sa démission dans la balance en cas de renoncement de François Hollande sur la réforme du code du travail.
Et si Manuel Valls quittait son poste de Premier ministre avant la fin du quinquennat? Cette hypothèse est de plus en susurrée dans les couloirs des ministères. "Si la loi sur le travail est retirée ou vidée de sa substance, Valls claquera la porte de Matignon", prédisait la semaine dernière un conseiller du Premier ministre. "Sa hantise est d’être 'fillonisé' : Fillon était un Premier ministre populaire avant 2012, mais il n’a pas su rebondir après la défaite de Sarkozy", témoigne un ministre dans « Le Monde ».
"Valls se prépare à sortir, il ne veut pas rester à Matignon jusqu’à la fin et être coresponsable du bilan. Alors il tend au maximum l’élastique pour qu’il finisse par casser. S’il est mis en minorité sur la loi travail, il pourra sortir en disant qu’il n’a pas les moyens de son grand réformisme", renchérit un élu proche du chef de l’Etat, dans le quotidien du soir.
"S'il juge que le renoncement l'emporte sur le compromis, il ne l'acceptera pas"
Samedi à Matignon, Manuel Valls s'est confié auprès de ses proches : "Le point de départ de sa réflexion, ce n'est pas le départ. C'est l'idée qu'il se fait du sens de l'État que doit avoir un Premier ministre socialiste. Il considère que la crise que traversent la France et l'Europe doit interdire les jeux politiciens. Mais cela ne signifie pas qu'à un moment donné il ne privilégiera pas sa cohérence s'il considère que l'obstruction l'emporte sur l'esprit de réforme. S'il juge que le renoncement l'emporte sur le compromis, il ne l'acceptera pas", recadre ce proche dans « le Figaro ».
Martine Aubry veille au grain
Martine Aubry, auteure d'une tribune assassine contre la politique du gouvernement, aurait, elle, prévenu le chef de l'Etat des velléités de départ du Premier ministre. "J'ai dit à François : 'Méfie-toi ! Manuel prépare son départ, il est en train de te trahir, il la joue perso...'", raconte « l'Express ». Un ministre hollandais, cité par le « Canard Enchaîné », veut lui croire qu'un éventuel départ du Premier ministre ne lui profitera pas : "Si Valls s'en va, il se retrouvera bien seul avec Jean-Marie le Guen et une poignée de parlementaires, il se marginalisera. Dans le parti, il ne se représente pas un gros courant. La modernité, aujourd'hui, c'est Macron, ce n'est plus lui. L'autorité, la sécurité, c'est Cazeneuve, ce n'est pas lui".
Source : leJDD.fr 02-03-2016