Dimanche 13 mars, le président va écrire la nouvelle mouture de la loi El Khomri. Apprentis, licenciement économique, prud'hommes... beaucoup de mesures pourraient changer à la lumière des commentaires faits par les organisations syndicales et des retours des manifestations. Mais la manœuvre politique est risquée car si le nouveau texte ne fait pas un large consensus, l’opération est ratée et risque fort d’être, cette fois-ci irrattrapable !...
Le changement, c’est maintenant. Ou plutôt le changement, c’est lundi 14 mars. Dimanche, François Hollande va réécrire la loi El Khomri. Ou plutôt, comme il l’a répété à tous ses interlocuteurs, il va l’écrire. "Le texte va être présenté lundi pour la première fois, c’est un texte nouveau. C’est le seul texte qui comptera", confie un des rares mis dans la boucle par un Président qui rêve d’un effet de surprise pour en finir avec un mouvement qu’il n’avait pas vu venir.
Une chose est sûre, l’aspect "travail des enfants" disparaîtra. Mais rien ne dit que l’opération de magie "la loi El Khomri est finie, vive la loi Travail" suffira à calmer la rue, ni même la CFDT. "Hollande va essayer demain d’avoir un accord avec la CFDT. Il va falloir mettre du lourd, ils n’ont aucune raison de se faire tuer pour rien", prédit un cadre de la majorité.
"Deux portes à fermer"
Un autre poids lourd veut y croire : "Il s’en sort par le haut. Il reformule la partie sur les prud'hommes en relevant le barème et surtout en ne le rendant plus qu’indicatif, il encadre la définition des licenciements économiques, il essaie d’introduire des éléments nouveaux, le droit à la formation, il charge le Compte Personnel d’activité et il espère que ça passe. S’il ne donne rien, il y aura un million de personnes dans la rue à la fin du mois et il n’est pas dans cette option. S’il ne sort pas par le haut, les gens comprendront qu’il n’est pas candidat. Il faut fermer les deux portes, celle de la rue et celle de la fragmentation de son camp". L’une après l’autre. Première réponse lundi 14 mars
Une opposition très ferme
Encore un coup politique pour le Président qui se croit toujours très habile dans ces occasions là, alors qu’il en a déjà raté pas mal. Aujourd’hui quasiment tous les syndicats salariaux demandent le retrait du texte excepté la CFDT qui a posé ses conditions. Elle ne veut pas en effet signer un texte que sa base ne pourrait pas accepter massivement. Les étudiants et les lycéens ont redit leur détermination à lutter contre le texte dans son principe, les petits patrons ne sont pas très favorable non plus et qu’en sera-t-il si l’on aménage les seuls points sur lesquels ils trouvaient un peu d’intérêt dans le texte : travail des apprentis, seuil des indemnités aux Prud’hommes. Quant au Medef qui semblait à peu près d’accord avec la version initiale de la réforme il risque fort de constater que la nouvelle mouture est pour le moins édulcorée…