Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour. L'adage n'est pas africain mais les chefs d'Etat du grand continent l'ont adopté pour la COP21. Lors du précédent rendez-vous (raté) de Copenhague, en 2009, on leur avait promis des milliards afin de leur permettre de s'adapter au réchauffement climatique.
Mais ils n'en ont jamais vu la couleur... Voilà pourquoi, tout en y mettant des formes respectueuses, les responsables africains ont fait parvenir lundi 7 décembre dernier à François Hollande un courrier en forme d'ultimatum : « La position unanime, claire et ferme conditionne l'acceptation par les pays africains d'un accord lors de la COP21 à Paris. »
En résumé, il n'y aura pas d'accord général à la COP21 si le texte ne prévoit pas clairement des engagements financiers (et immédiats) en faveur de l'Afrique. La pétition, emmenée par le Guinéen Alpha Condé, est signée par une bonne vingtaine de personnalités influentes. Quelques jours plus tôt, les chefs d'Etat et de gouvernement africains s'étaient réunis à Johannesburg (Afrique du Sud) pour rappeler leurs exigences dans un document communiqué à l'Elysée et aux responsables de la COP21.
Des exigences chiffrées
La lettre reprend les grandes lignes du plan poussé par Jean-Louis Borloo pour électrifier l'Afrique grâce aux énergies renouvelables : un accord juridiquement contraignant « dans lequel s'engagent prioritairement les pays contributeurs de CO2» ; la mise en place d'une agence panafricaine dirigée par des Africains pour piloter les projets ; une contribution des pays développés à hauteur de 3 Mds$ (2,75 Mds€), puis 5 Mds$ (4,6 Mds€) par an pendant une décennie. Plus des subventions pour protéger la forêt, financer les agences des bassins du lac Tchad et du Niger, ainsi que l'Agence panafricaine de la grande muraille verte. Pour clore la missive, les signataires lui adressent un petit coup de pression en forme de compliment : « Nous avons confiance dans l'engagement de la France et de votre leadership. »