La baisse durable du cours des matières premières est en train d’ébranler l'économie de plusieurs pays. Les producteurs de pétrole d’abord mais la plupart d’entre eux ont les reins solides, mais surtout des pays émergents comme le Brésil, le Chili ou l'Australie.
Le sucre, mauvaise ressource du Brésil
À 340 $ la tonne, les cours du sucre ont fondu de moitié en trois ans. De quoi ébranler l'économie brésilienne déjà fragilisée. Premier producteur et exportateur mondial de sucre et deuxième producteur d'éthanol derrière les États-Unis, le Brésil encaisse durement le recul de la croissance en Chine, son premier partenaire commercial. Vendredi 28 août dernier, le pays est entré en "récession technique". Tous les voyants sont au rouge, mais le plongeon généralisé des matières premières a fait le reste. Il est particulièrement sensible pour ses sucriers. En cinq ans, 10 % des raffineries en activité dans le centre-sud du pays, épicentre de la production, ont fermé. L'empire Cosan devrait voir ses résultats mis à rude épreuve. Pour l'heure, malgré la concurrence des Indiens et des Thaïlandais, les agriculteurs brésiliens ont choisi d'augmenter leurs exportations pour profiter de la dévaluation du réal. En attendant que les Chinois deviennent accros au sucre comme les Américains.
Le cuivre, cause nationale du Chili
De Santiago aux mines du désert d'Atacama, les Chiliens scrutent les cours du cuivre. Malgré les efforts de diversification du pays, le métal rouge demeure le "salaire du Chili". Il pèse pour près de 50 % de ses exportations et pour 20 % de son PIB. Et son meilleur client est la Chine, dont le ralentissement de la croissance, notamment du secteur de la construction, était patent depuis des mois pour les groupes miniers opérant au Chili. Les cours du cuivre ont plongé de plus de 16 % depuis le début de l'année. Le résultat d'une offre abondante, d'une baisse de la demande mondiale et de la force du dollar, qui a renchéri les importations. "Le Chili a sauvé ses mineurs [les 33 du puits de San José en 2005], il est temps à présent qu'il sauve ses mines", écrivait Christopher Lenton cette semaine dans la revue spécialisée BNAmericas. Ses producteurs sont aussi devenus moins compétitifs : en 2000, leurs coûts étaient parmi les plus bas du monde ; en 2013, ils arrivaient en 23e position.
Le fer, point faible de l'Australie
S'il est un pouvoir que Colin Barnett, Premier ministre d'Australie-Occidentale, aimerait limiter, c'est celui des géants miniers. Les Rio Tinto, BHP Billiton et Glencore qui opèrent dans sa région, le Pilbara, territoire le plus riche en minerai de fer au monde. En avril, il s'agaçait de les voir continuer à produire massivement malgré la chute des prix, de 60 % depuis un an. Samedi 29 août, à la Bourse des métaux de Londres, il cotait à 61 $ la tonne ; les experts les plus pessimistes pensent qu'il vaudra moins de 40 $ en 2016. Une perspective qui fait trembler la balance commerciale de l'Australie, premier producteur au monde de fer, et qui a déjà contraint les leaders du secteur à réduire leurs investissements. "Les grands groupes miniers vont aussi chercher à sortir du marché les opérateurs les moins rentables, avec en ligne de mire les Chinois, soutenus par leur gouvernement", souligne Philippe Chalmin, coordinateur du rapport Cyclope sur les matières premières.
Source : leJDD.fr 31-08-2015