La stratégie diplomatique et militaire de la France évolue très rapidement ces dernières semaines sans que l’on sache très bien les raisons des multiples revirements. Le président François Hollande a estimé lundi 14 septembre que la France devra mener des frappes aériennes contre le groupe Etat islamique en Syrie. Il y a une semaine, le chef de l'Etat avait ordonné à l'armée française de mener des opérations aériennes de renseignement au-dessus de ce pays. Quelques semaines auparavant on nous avait expliqué qu’une intervention militaire, même aérienne en Syrie, renforcerait le pouvoir de Bachar El-Assad, ce que la France ne voulait pas !..
A l'occasion de la visite du président du Nigeria, Muhammadu Buhari, à Paris, François Hollande est revenu lundi 14 septembre au soir sur l'opération en cours des forces françaises en Syrie. Il y a une semaine, le chef de l'Etat avait en effet ordonné à l'armée française de mener des opérations aériennes de renseignement au-dessus de ce pays comme elle le fait depuis un an en Irak. Il a franchi un nouveau cap lundi soir : François Hollande a estimé que la France devra mener des frappes aériennes contre le groupe Etat islamique en Syrie.
"Nous avons annoncé des vols de reconnaissance permettant d'envisager des frappes si c'était nécessaire, et ce sera nécessaire en Syrie", a déclaré le Président lors de sa conférence de presse commune avec Muhammadu Buhari. "Selon les informations que nous recueillerons (...), nous serons prêts à faire des frappes" contre Daech, avait-il ajouté, tout en excluant une intervention au sol. De premiers vols de reconnaissance ont eu lieu mardi et mercredi derniers.
Débat sur l'engagement militaire en Syrie mardi au Parlement
Jusqu'alors, la France s'était interdit d'intervenir militairement en Syrie au motif qu'elle craignait que cela ne serve les intérêts du président syrien Bachar Al-Assad dont Paris réclame le départ, le jugeant principal responsable de la guerre en cours dans son pays. Le Parlement français doit débattre mardi, sans vote, de cet engagement militaire en Syrie.
Le président français a également comparé l'EI avec le groupe islamiste Boko Haram, actif dans le nord-est du Nigeria et les pays voisins. "Boko Haram est lié nous le savons à Daech (acronyme arabe de l'EI) et donc reçoit des aides, des soutiens de ce groupe. Lutter contre Boko Haram c'est lutter contre Daech. Et nous ne pouvons plus distinguer le terrorisme selon les régions, c'est le même terrorisme, inspiré par les mêmes idéologies de mort", a-t-il déclaré. Une Force d'intervention conjointe multinationale (MNJTF), composée de troupes du Nigeria, du Tchad, du Cameroun, du Niger et du Bénin, doit être déployée incessamment dans le Nord-Est du Nigeria.