Contrairement à des idées reçues, BMW n'a pas toujours été un grand fabricant de voitures de sport. Tout du moins, pas aussi reconnu qu'aujourd'hui. Le principal objectif du projet E26, plus communément appelé « M1 » était de perpétuer l'engagement sportif de BMW qui avait alors été très profitable à l'image de la marque en raison de ses fréquents succès, notamment avec les célèbres coupés 3.0 CSL, surnommés "Batmobile". En 1976, Jochen Neerpasch, ancien pilote professionnel devenu responsable du département compétition de la marque, se voit confier le développement d'une voiture entièrement nouvelle, qui serait pour la première fois conçue sous la responsabilité de Motorsport. Elle devait concourir en groupe 4 et 5 mais pour recevoir l'homologation, être produite à au moins à 400 exemplaires...
Le projet "M1", est alors lancé en partenariat avec des spécialistes de la voiture de course, capables de concevoir une base roulante plus performante qu'une simple évolution d'un modèle de série. Bien que le style de la M1 s'inspire fortement du prototype BMW Turbo réalisé par Paul Bracq, la paternité des lignes de la M1 revient à Giugiaro, patron du bureau de style italien "Ital Design". Il devait en outre réaliser la carrosserie et l'assembler sur un châssis mis au point par Lamborghini. Quand à Motorsport, maître d'ouvrage du projet, son rôle était principalement centré sur le moteur.
La carrosserie est réalisée en fibre de verre. La forme générale privilégie fortement l'aérodynamique avec en ligne de mire une vitesse maximale élevée et des consommations faibles en regard du niveau de performances. Très basse (1m14), la BMW M1 possède un profil caractéristique des sportives des années 70. Son allure trapue et fluide est également due à sa largeur de 1823 mm pour une garde au sol de 124 mm et à ses grandes roues en alliage de 16" de diamètre.
A l'arrière, on découvre une grille à lamelles sur le capot moteur qui ne sera pas sans influencer bon nombre d’accessoires autos durant les années 80. Sur les flancs de l'auto, les extracteurs d'air chaud en plastique noir ajoutent encore un peu de charme à cette auto très typée "seventies". Mais comme pour la Lamborghini Countach, ce design acéré signé Giugiaro conserve un charme et une élégance naturelle qui perdure avec le temps. Sur les versions Groupe 4 et 5 ou Procar, une augmentation sensible des appendices aérodynamiques augmente l'appui sur l'avant grâce au spoiler qui descend très bas et à l'arrière avec un imposant aileron. Le poids maximal autorisé en groupe 4 est de 1000 Kg, une valeur que même les voitures préparées pour la course auront du mal à respecter...
A l'intérieur, l'ambiance est tout aussi caractéristique d'une époque. Le tableau de bord assez dépouillé possède un combiné de compteurs avec une vaste casquette. Quelle ambiance ! Le projet M1 quasi définitif est finalement présenté au public en Octobre 1978 au salon de Paris. Initialement prévue pour la commercialisation à la fin de l'année 1978, l'homologation n'aura lieu qu'en 1979 mais la production de la M1 n'était alors pas suffisante pour lui permettre de courir en groupe 4 et 5. Entre temps, BMW avait changé ses orientations sportives, souhaitant privilégier la Formule 1. Par ailleurs la FIA était sur le point de supprimer les groupes en vigueur, condamnant à mort du même coup la M1.
Depuis 1968, date à laquelle le premier six cylindres en ligne BMW de conception entièrement nouvelle voit le jour, ce moteur monté en position centrale arrière et incliné de 30 degrés est tellement en avance sur son temps qu'il se pose en référence dans la construction de moteurs pour plusieurs décennies. Il faut dire que ce moteur est un concentré d’innovations : culasse à flux transversal avec arbre à cames en tête et soupapes en V, chambre de combustion "à turbulence trisphérique", une évolution des chambres de combustion du quatre cylindres. Cette conception inédite produisait une turbulence définie, ce qui, liée à une concentration du mélange au niveau de la bougie d'allumage, assurait une combustion très efficace, mais pourtant douce. Associé au vilebrequin matricé logé sur sept paliers et présentant deux contrepoids par maneton, il en résultait un fonctionnement d'un formidable velouté : pour la première fois, le fonctionnement du six cylindres BMW fut comparé à celui d'une turbine.
Le moteur existait en une variante de 2,5 litres et une autre de 2,8 litres, puis de 3,0 L. Ainsi, les six cylindres firent fureur sur les nouvelles berlines et surtout sur les coupés de la marque, comme le 3,0 CSi. La BMW M1 utilise sous son capot arrière, un 6 cylindres en ligne de 3453 cm3. Ce moteur possède une culasse à quatre soupapes par cylindres, ce qui était à l'époque une rare exception, gravée du logo "Motorsport".
En ce qui concerne les performances, la M1 vous propulse de 0 à 100 Km/h en 5"6 et atteint la vitesse maxi de 262 Km/h grâce à son aérodynamique soignée. Le 6 cylindres en ligne bavarois développe la puissance maximale de 277 chevaux à 6500 tr/mn. Le couple maxi de 33,7 Mkg à 5000 tr/mn trahit quand à lui un tempérament résolument sportif. Pour la course la puissance pouvait être poussée jusqu'à 490 ch afin qu'il propulse les bolides de course de la série "Procar". Grâce à d'autres mesures d'optimisation et à deux turbocompresseurs, la puissance atteignait finalement plus de 850 ch en groupe 5 !
La BMW M1 produite entre 1979 et 1981 sera fabriquée finalement en 455 exemplaires, 399 pour la route et 56 pour la course. Elle est dorénavant un véritable collector et, en dépit d'une puissance "modeste", elle procure le plaisir au volant d'une authentique « supercar » des années 80. Hors de portée financièrement, pour bon nombre d'entre nous, la M1 se laisse néanmoins admirer à travers quelques musées ou meetings.
Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale
ultimatecarpage.com
supercar.net
swisscarsighting.com
mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :
autogaleria.hu
Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog ou en vous inscrivant à la Newsletter (voir ci-contre)