L’annonce a constitué l’un des principaux événements de la Conférence de Presse de ce jeudi 5 février au matin. François Hollande et Angela Merkel se rendent ce jeudi après-midi à Kiev avec une nouvelle proposition de règlement du conflit ukrainien alors que le gouvernement local demandait ces derniers jours des livraisons d'armes à ses soutiens. La visité à Kiev sera suivie d’un rendez-vous à Moscou avec Vladimir Poutine.
Les armes ou la diplomatie ? Alors que l'Ukraine, en mauvaise posture face aux rebelles prorusses dans l'est du pays, demandait ces derniers jours à ses soutiens occidentaux des livraisons d'armes défensives «pour se défendre face à l'agresseur», la négociation semble toujours d'actualité. Elle semble même de plus en plus être la seule issue à une guerre qui s’amplifie de jour en jour.
Lors de sa conférence de presse ce jeudi 5 février au matin à l'Elysée, le président Hollande a annoncé qu'il se rendra à Kiev dès cet après-midi avec la chancelière allemande Angela Merkel et vendredi à Moscou avec une «nouvelle proposition de règlement» du conflit «fondée sur l'intégrité territoriale».
«Le temps presse et il ne sera pas dit que la France et l'Allemagne ensemble n'auront pas tout tenté, tout entrepris, pour préserver la paix», a expliqué François Hollande, tout en soulignant que «l'option de la diplomatie ne pouvait pas
être prolongée indéfiniment».
Hollande : «La France veut éviter la guerre»
«La France n'est pas en guerre en Ukraine et elle ne veut pas être en guerre en Ukraine », a encore assuré François Hollande. « Elle veut éviter la guerre et elle n'en sera pas, parce que je considère que la France ne peut pas rentrer dans cette logique et que, pour le moment, nous devons tout faire pour que ce soit la politique et la diplomatie qui reprennent leurs droits». «La France ne rentre pas dans le débat sur la fourniture des armes à l'Ukraine», a ajouté le président de la République.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, déjà présent à Kiev depuis quelques heures, s'est exprimé à la mi-journée. «Il doit y avoir (de la part de la Russie) un engagement immédiat à un réel cessez-le-feu, qui n'est pas seulement un bout de papier avec des paroles mais qui est suivi d'actions concrètes», a t-il estimé. John Kerry a rappelé que «l'agression russe qui se poursuit dans l'est» (était) «la plus grande menace pour l'Ukraine».
Grandes manœuvres diplomatiques
Les grandes manœuvres diplomatiques semblent en tout cas enclenchées. Avant même l'annonce de ce matin, la crise en Ukraine devait être au cœur d'une Conférence internationale sur la sécurité à Munich en fin de semaine, pour laquelle Kerry s'envole ce soir. Le président ukrainien Porochenko, le ministre russe des Affaires étrangères Sergeï Lavrov le vice-président américain Joe Biden, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg y sont attendus. Merkel doit ensuite partir pour Washington afin de «définir une ligne politique claire avec Barack Obama» face à la Russie, avant une rencontre des chefs d'Etat européens prévue à Bruxelles le 12 février.
Armement de l'Ukraine : Washington n'avait pas tranché
Dans un entretien publié ce jeudi 5 février par Le Monde et cinq autres quotidiens européens, le vice-président des Etats-Unis Joe Biden, ne dissipait pas l'ambigüité. «Nous avons toujours dit clairement depuis le début qu’il n’y a pas de solution militaire à cette crise en dépit du fait que c’est précisément ce que la Russie tente d’imposer », explique t-il. « Nous n’avons aucun intérêt à l’escalade militaire et nous faisons tout pour la stopper. Mais l’Ukraine a le droit absolu de se défendre et nous lui fournissons une assistance sécuritaire pour l’aider dans cette tâche.»
Lors de son audition de confirmation devant le sénat, le futur chef du Pentagone, le ministère américain de la Défense, a mis les pieds dans le plat : Ashton Carter a laissé entendre que les Etats-Unis devraient fournir des armes à Kiev pour contrer les séparatistes. Il a toutefois été aussitôt recadré par la Maison Blanche. Une éventuelle livraison d'armes létales américaines, «est susceptible de porter un préjudice colossal aux relations russo-américaines», a déclaré jeudi Alexandre Loukachevitch, le porte-parole de la diplomatie russe.
Kiev demandait des armes «défensives»
Kiev a déjà fait savoir qu'il demandait des armes sophistiqués, comme «des outils de communication, de brouillage électronique ou des radars», selon le chef de la diplomatie ukrainienne Pavlo Klimkine. Un rapport indépendant, publié lundi par plusieurs groupes de réflexion américains, évoque aussi des drones et des missiles anti-véhicules blindés, dont l'Ukraine manque cruellement. Washington étudierait également la possibilité d'équiper Kiev des puissants missiles antichar Javelin.
Les Etats-Unis ont déjà débloqué 118 millions de dollars d'aide militaire pour Kiev en novembre, mais ses livraisons se limitaient jusqu'à présent à des équipements dits «non-létaux»: gilets pare-balle, équipement médical ou radars. Les fournitures d'armes «létales», avaient été jusqu'à présent écartées par Washington. La France et l'Allemagne avaient pour leur part répondu par la négative.
L'OTAN prépare une troupe de 5000 hommes
Signe de la tension croissante, l'Otan devait décider jeudi 5 février si elle renforce sa présence sur son flanc Est, en approuvant la création d'une nouvelle force de réaction de 5.000 hommes susceptible de se déployer rapidement et de six «centres de commandement» en Europe Orientale (dans les trois pays baltes, en Pologne, en Roumanie et Bulgarie) disposant chacun d'une quarantaine d'hommes. C'est ce qu'a indiqué le secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg en arrivant ce jeudi à une réunion des ministres de la Défense des pays membres de l'Otan à Bruxelles. «C'est une réponse aux actions agressives de la Russie, qui a violé la loi internationale et annexé la Crimée», péninsule ukrainienne revenue à la Russie suite à un référendum que l'Ouest juge illégal, a souligné M. Stoltenberg. La force de 5000 hommes ne devrait toutefois pas être déclarée opérationnelle avant 2016.
L'Union européenne complète ses sanctions contre la Russie
L'Union européenne va ajouter 19 personnes et neuf entités à sa liste noire de sanctions ciblées liées au conflit dans l'est de l'Ukraine. Parmi les 19 personnalités, dont aucune n'est «de premier plan», figurent cinq Russes. Une des neuf entreprises visées est russe également. Cette extension de la liste, décidée au niveau des ambassadeurs des Etats membres de l'UE, doit être avalisée par les 28 lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères lundi prochain. La décision de principe avait été prise il y a une semaine, lors d'une réunion d'urgence des ministres après le bombardement du port ukrainien de Marioupol, qui avait fait au moins 30 morts.
Source : LeParisien.fr 05-02-2015