On s’attendait un peu à une réaction de la BCE mais peut être pas aussi vigoureuse !.. La Banque centrale européenne a frappé fort en décidant de priver les banques grecques d'une de leurs sources de financement. La pression est forte sur les dirigeants grecs qui veulent renégocier la dette.
La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé mercredi 4 février qu'elle avait décidé de priver les banques grecques d'une de leurs sources de financement, ce qui risque de précipiter l'asphyxie financière de l'Etat grec dont les nouveaux dirigeants tentent de renégocier la dette. La BCE a suspendu le régime de faveur dont bénéficiaient jusqu'alors les banques grecques, "étant donné qu'il n'est pas possible à l'heure actuelle d'anticiper une issue positive" du programme d'aide international dont bénéficie Athènes, explique l'institution monétaire dans un communiqué.
Cette suspension décidée mercredi 4 février par le conseil des gouverneurs "est conforme aux règles de l'eurosystème (...)", ajoute le communiqué de l'institution, publié quelques heures après que le nouveau ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, avait évoqué des "discussions fructueuses" avec le président de la BCE Mario Draghi. Yanis Varoufakis était venu demander à Mario Draghi, président de la BCE, d'aider la Grèce à "garder la tête hors de l'eau" en soutenant les banques grecques, le temps que la nouvelle équipe au pouvoir s'entende avec ses partenaires européens sur le sort du programme d'aide en vigueur.
Les taux d'emprunt repartent à la hausse
Dans la pratique, la décision de la BCE signifie que les banques grecques, soumises par ailleurs à de forts mouvements de retrait de capitaux de la part de leurs clients, ne pourront plus compter sur les prêts de la BCE pour acheter de la dette grecque. Or ces banques sont peu ou prou le seul débouché d'Athènes, dont les titres ne trouvent pas d'autres preneurs. Le gouvernement de la gauche radicale d'Alexis Tsipras veut s'affranchir de l'aide de ses partenaires, qui ont prêté depuis 2010 plus de 240 milliards d'euros au pays en échange de réformes très douloureuses. Mais en privant les banques grecques de liquidités, la BCE lui barre de facto la route à un financement sur le marché de la dette. Dans la foulée, le taux d'emprunt de la Grèce a repassé la barre des 10% jeudi 5 février à l'ouverture du marché obligataire en zone euro.
Pour se financer, il reste théoriquement aux banques grecques l'option d'urgence, un mécanisme appelé ELA qui permet aux banques centrales nationales, la Banque de Grèce en l'occurrence, de débloquer des fonds pour aider les établissements de crédit à surmonter une crise de liquidités. La décision de la BCE a eu pour conséquence une baisse de l'euro face au dollar mercredi. Vers 21H30 GMT (22H30 à Paris), la monnaie unique européenne valait 1,1341 dollar, contre 1,1479 dollar mardi à la même heure et 1,1423 dollar avant le communiqué de la BCE.
"Pas de répercussions négatives" sur le secteur financier
Yanis Varoufakis doit rencontrer jeudi 5 février à Berlin son homologue allemand Wolfgang Schäuble, pour définir "un nouveau contrat" entre la Grèce et ses partenaires européens, avait-il déclaré dans une interview à la chaîne de télévision allemande ZDF. La décision de la BCE n'a "pas de répercussions négatives" sur le secteur financier du pays qui reste "totalement protégé" grâce aux autres canaux de liquidités toujours disponibles, a déclaré le ministère grec des Finances dans un communiqué.
Source : leJDD.fr 05-02-2015