Après quatre jours de confusion totale, le conseil national du parti socialiste a validé, hier soir 25 novembre, l'élection de Martine Aubry au poste de Premier Secrétaire. Avant même de prononcer son discours, la maire de Lille est allée embrasser Ségolène Royal, assise, impassible, au premier rang du Palais de la Mutualité.
Malgré ces embrassades, malgré les appels à la raison lancés par tous les protagonistes et en premier lieu par François Hollande, les supporters de Ségolène Royal, Manuel Valls en tête, continuaient de proclamer qu'ils allaient faire appel à la justice.
En fin de soirée, mardi, Ségolène Royal, tout en affichant sa détermination, semblait plus modérée : "...chaque fois que la nouvelle direction prendra des décisions qui vont dans le sens de ce que nous avons défendu nous la soutiendrons. Chaque fois qu'elle n'ira pas dans ce sens nous essaierons de la convaincre."
Aujourd'hui, après que les deux candidates se soient rencontrées, ce sont l'apaisement et l'union qui prévalent. Ségolène Royale a fait dans la journée, par l'intermédiaire de son association "Désir d'Avenir", un appel à ses militants pour leur indiquer qu'elle prendrait toute sa place dans la rénovation du parti socialiste, qu'elle représentait 50 % des militants et que l'élection de 2012 n'était pas loin et qu'il fallait se remettre au travail !... Beau programme en effet !..
L'ETAT DU PS APRES CETTE ELECTION :
Martine Aubry va, bien évidemment s'atteler à la tâche et tenter de renouer l'unité dans le parti. Rude tâche !.. Ses appels à la rénovation seront-ils entendus alors qu'elle ne doit son élection qu'à des Fabius, Jospin, Rocard, Delanoë, Mauroy qui ont, auprès des militants, l'image de freineurs de réformes ? Comment va-t-elle préparer les élections européennes avec au sein du parti des hommes de poids qui ont, depuis des lustres, défendu des idées anti-européennes ? Quelle sera l'attitude de Ségolène Royale, et surtout des militants qui l'ont soutenu ? Pourra-t-elle, comme elle l'a laissé entendre, continuer, comme si de rien n'était, sa campagne pour l'élection présidentielle de 2012 ?
LES RISQUES DE FRACTURES :
Martine Aubry ayant amorcé un léger virage à gauche avant l'élection des militants, comptait bien récupérer une grande partie de ceux qui s'était exprimés pour Benoït Hamon. Elle en a perdu au passage un bon nombre qui, dans un avenir proche, pourraient se laisser séduire par un Olivier Besancenot qui à un discours beaucoup plus protestataire vis à vis de la majorité au pouvoir.
La crise que vient de traverser le PS profite évidemment à Nocolas Sarkozy, mais cette embellie pour le président en exercice risque d'être assez provisoire. Le principal gagnant pourrait être François Bayrou qui, il y quelques semaines encore semblait s'empêtrer dans des contradictions et s'isoler encore d'avantage. Le MoDem pourrait maintenant séduire une partie de l'électorat de gauche, réformiste et modéré. Une partie de ceux qui ont été, pour un temps, derrière le maire de Paris ou même derrière Ségolène Royal.
2012 SERA DIFFICILE :
Après trois élections présidentielles perdues, les Socialistes se devaient de présenter une parfaite unité et une volonté affirmée de renouveau pour affronter la quatrième échéance. Le moins que l'on puisse dire, c'est que cela commence bien mal....