L’histoire de la Mercedes 300 SL devenue mythique débute le 15 juin 1951, lorsque le management de Daimler-Benz prend la décision de revenir en sport automobile. Un an plus tard, l'ère "Gullwing" commence lorsque la Mercedes-Benz W194 coupé de course remporte sa première victoire.
La conception à châssis tubulaire permettait une distribution du poids des plus favorables, une grande légèreté pour compenser le poids du moteur en fonte (870 kg à vide pour la 300 SL W194), une rigidité accrue et une meilleure aérodynamique pour la carrosserie. Une version améliorée suit en 1953, avec une carrosserie encore plus légère en magnésium et un tout nouveau moteur à essence à injection directe qui fournit un supplément de 40 ch par rapport à sa version à 3 carburateurs, ce qui porte la puissance totale à 215 ch. Ce modèle unique n'a pourtant jamais été engagé en course, puisque toutes les capacités disponibles de la firme allemande ont été détournées pour l'entrée de l'entreprise en Formule 1 prévue pour 1954. Produite à seulement 11 exemplaires, la W194 restera une étape capitale avant la 300 SL (W 198) de production appelée "Gullwing".
En effet, dès 1953, sous la pression de Maximilien Hoffman, le plus célèbre des importateurs de voitures de sport étrangères aux USA et sous contrat avec Mercedes depuis 1952, la firme étoilée ressort son coupé "Sport Leicht" du placard. Hoffman rencontre le management de Mercedes et leur fait une commande ferme de 1000 voitures de série dérivées de la 300 SL de course, persuadé que la demande sera suffisante. Mercedes-Benz, dont les finances sont au plus bas après la guerre, se décide à transformer sa fabuleuse 300 SL de course en une GT luxueuse et adaptée à un usage routier.
La conception du projet débute donc dès septembre 1953. Le nouveau modèle conservant clairement une relation étroite avec la voiture de course de l'époque, et pas seulement son nom, il n'aura fallu aux responsables du projet, Karl Wilfert et Friedrich Geiger, qu'un an et demi pour créer le nouveau design sur la base de la W194 et aboutir au coupé 300 SL de série, code W198 dans la nomenclature interne Mercedes. Ce sera la première véritable production de Grand Tourisme Mercedes-Benz d'après-guerre et le début d'une longue tradition de SL...
La genèse du projet W194 est en grande partie attribuable à l'ingénierie de Rudolf Uhlenhaut, qui a été chargé d'élaborer la première Mercedes de course d'après seconde guerre mondiale. Observant le succès des Jaguar XK 120C au Mans en 1951, Uhlenhaut a fait une utilisation intelligente de composants de production pour minimiser les coûts et maximiser la fiabilité. Étant donné le climat économique d'après-guerre, un tel projet ne pouvait en effet entrer en production qu'avec un budget le plus bas possible. L'époque de Mercedes au budget de course apparemment sans limites était bien terminée et pour renouer avec le succès sur les circuits, il faudrait beaucoup d'ingéniosité.
En tant que tel, le dernier modèle de la société, la berline série 300, se révélait être un point de départ idéal. Sa boîte, sa suspension indépendante à demi essieu sur l'arrière, et surtout, son moteur trois litres six cylindres à arbre à cames en tête, seraient incorporées dans les nouveaux projets sportifs de Uhlenhaut. La principale difficulté rencontrée a été la hauteur du moteur, qui a été habilement incliné de 45 degrés à gauche afin de ne pas pénaliser l'aérodynamique. Grâce à l'injection directe, une première mondiale sur un moteur 4 temps, la puissance du 6 cylindres Mercedes passe de 115 à 210 ch à 5760 tr/mn ! La recherche d'un poids le plus bas possible nécessitait bien sûr une nouvelle approche du châssis et la construction d’un nouvel ensemble basé sur un treillis tubulaire. En effet, les voitures de course de Uhlenhaut ont bénéficié de ses travaux antérieurs par lesquels il avait démontré qu'un châssis pouvait être très robuste par triangulation de nombreux petits tubes, même de faible diamètre. Fait intéressant et caractéristique la plus distinctive de la voiture, les portes papillon à charnières dans l'axe de la voiture, ont été beaucoup plus qu'un avantage accessoirement esthétique. Elles faisaient partie intégrante de la résistance du châssis qui exigeait des flancs très larges. Afin d'abaisser la hauteur de caisse, l'échappement profite d'ailleurs de ces larges côtés pour passer sous la carrosserie du côté passager. Malgré le fait que les organismes régissant le sport automobile ont tenté d'interdire cette conception, le design des portes respectait malgré tout le règlement. La 300 SL W194 Uhlenhaut a été un succès immédiat. Dépourvue de pare-chocs, de poignées de porte et de garnitures, son corps lisse comme un galet présentait un coefficient de traînée (Cx) de seulement 0,25. Dans sa première course, en 1952 les « Mille Miglia », la 300 SL pilotée par Karl Kling termine deuxième derrière Ferrari. De nombreuses victoires ont suivi, la plus mémorable étant sans doute le doublé aux « 24 heures du Mans ». Mais la W194 s'illustrera également au Nürburgring et lors de la Carrera Panamericana au Mexique.
Le coupé 300 SL de série est présenté au public au Salon International de New York le 6 février 1954. 300 représente la cylindrée du moteur de trois litres, tandis que SL signifie «sport leicht» (Sport Léger). Initialement présenté comme un coupé, la plus emblématique des voitures de sport de Mercedes était une voiture de course à peine déguisée pour la route. Sa carrosserie est en acier, mais le capot, les portes et le coffre sont en aluminium. En option, le client pouvait commander une carrosserie complète en aluminium, une version « Alloy » qui abaissait le poids de 80 kg mais le surcoût demandé limita le nombre à 29 exemplaires seulement. Les portes papillons du modèle de course ayant été conservées pour la rigidité, elles sont devenues la signature visuelle de la voiture tout en résolvant les problèmes d'accessibilité dans l'habitacle par un ingénieux système de volant qui se "casse" au niveau de son moyeu pour laisser passer les jambes du conducteur ! En revanche, ces portes n'autorisent pas de vitres coulissantes et celles-ci sont donc uniquement... démontables. A charge ensuite aux occupants de les ranger dans une poche prévue à cet effet.
Eléments stylistiques supplémentaires par rapport à la W194, les renflements sur les passages de roues et les grilles sur les deux ailes avant qui atténuent la chaleur excessive et le bruit à l'intérieur de la voiture. Introduite en 1955 en Europe, bien que l'immense majorité ait été vendue aux USA, la Mercedes-Benz 300 SL est une véritable supercar dont le prix dépasse les 7.000 $, soit environ 5 millions de francs de l'époque. Une somme astronomique, correspondant au prix de plus de 10 Citroën 2 CV ! Mais la 300 SL a capitalisé rapidement sur ses succès en course et a bénéficié de progrès technologiques majeurs pour l'époque. Considérant que les stars de l'époque comparables fonctionnaient encore avec des carburateurs, des essieux arrière rigides et des moteurs culbutés, la 300 SL offrait l'injection Bosch, une répartition des masses parfaites, une suspension arrière indépendante et un puissant 6 cylindres de 212 ch à arbre à cames en tête. Le moteur était de surcroît couplé à une transmission à quatre vitesses, entièrement synchronisée. Les performances sont exceptionnelles : 0 à 100 km/heure en 10 secondes, un véritable exploit dans le milieu des années 1950. Par rapport à la concurrence des voitures de sport de son temps, la Mercedes 300 SL acquis une réputation immédiate, non seulement pour ses performances, mais aussi pour son exceptionnelle qualité de construction. 1400 coupés Gullwing seront produits entre août 1954 et mai 1957, auxquels on peut ajouter un modèle expérimental à carrosserie en plastique.
Une 300 SL Alloy parfaitement restaurée vient d’être vendue pour la modique somme de 4,5 millions de Dollars US.
Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale
ultimatecarpage.com
supercar.net
swisscarsighting.com
mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :
autogaleria.hu
Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog ou en vous inscrivant à la Newsletter (voir ci-contre)