Présentée en 1926, la Maserati Tipo 26 a été motorisée avec plusieurs variantes de moteurs 8 cylindres en ligne de petites cylindrées correspondant aux règlementations en vigueur pour les Grands Prix. Quand celles-ci sont abandonnées, vers la fin des années 20, au profit de la « Formula Libre » Maserati décide de se doter d’un moteur plus puissant que celui qui équipe la Tipo 26 afin de rester dans le peloton de tête de la compétition automobile.
Travaillant dans le cadre d’un budget très restreint, comme d’habitude, les frères Maserati ont alors l’idée de tirer profit du 8 cylindres existant et, avec deux blocs juxtaposés, de réaliser un 16 cylindres en V avec un angle de 22,5°. Bien évidemment l’affaire est plus compliquée dans la pratique qu’elle n’en avait l’air sur le papier mais les frères Maserati s’accrochent à leur idée qu’ils vont finalement faire aboutir. Le nouveau moteur est dénommé tipo V4 en référence au V16 de 4 litres de cylindrée.
Chaque bloc de 8 cylindres est équipé d’un « supercharger » monté en partie avant du moteur et, pour tirer de l’engin le maximum d’efficacité c’est Edoardo Wéber en personne qui viendra passer deux semaines chez Maserati pour parfaire la mise au point des carburateurs. Le nouveau moteur Maserati délivre une puissance maximum de 280 cv, deux fois plus que le plus puissant des moteurs Tipo 26.
Le moteur est installé dans un châssis tubulaire en acier et la carrosserie est réalisée en aluminium pour gagner un peu sur le poids de la voiture. Les premiers soucis de mise au point ne viendront pas du moteur mais des freins, actionnés par câble, et des pneumatiques. Les performances de la voiture sont effectivement exceptionnelles. En Septembre 1929 Baconin Borzacchini pulvérise le record des 10 km pour les voitures de moins de 5 000 cc de cylindrée. A la moyenne de 246,069 Km/heure ; plus de 10 km/heure de plus que le précédent record !..
Le développement continue et, dans le courant de 1930, la voiture est expédiée aux Etats-Unis pour participer à la célèbre course « Indy 500 » mais sans succès. De retour en Europe elle est enfin équipée de pneumatiques plus larges et est à nouveau engagée en compétition pour la saison 1931 où elle remporte le Grand prix de Rome.
Les résultats mitigés obtenus par la voiture de Grand Prix au célèbre V16 sont un peu décevants aussi deux exemplaires supplémentaires sont construits en 1932 probablement en utilisant en partie les pièces de la V4 originale que l’on ne reverra jamais. Le premier exemplaire est une voiture de Grand Prix baptisée V5 sans doute parce qu’elle est équipée d’une version 5 litres du V16. La V5 est plus puissante et plus rapide mais beaucoup moins fiable que la précédente. Une victoire dans le Grand Prix de Rome en 1932 sera le seul succès de sa carrière. Sa dernière sortie sera lors du grand Prix de Tripoli en 1934 au cours duquel le pilote Piero Taruffi détruit la voiture au cours d’une sortie de piste dont il va se tirer miraculeusement.
Sur la grille de départ de ce Grand Prix de Tripoli 1934 figure une autre Maserati V16, la deuxième voiture construite en 1932. C’est une V4 carrossée en spider 2 places probablement par le carrossier italien Castagna. Elle a été achetée à Maserati par le célèbre physicien romain le Professeur Galeazzi Riccardo. C’est lui qui l’a engagée au Grand Prix de Tripoli où elle ne va d’ailleurs couvrir que cinq tours avant d’abandonner sur ennui mécanique.
La même année le Professeur expédie sa Maserati V16 chez Zagato où elle est entièrement recarrossée en roadster dont la couleur verte, deux tons, est assez inhabituelle à l’époque. Pour informer tous ceux qui auront la chance de croiser cette unique V4 la housse de la roue de secours placée à l’arrière porte la mention : « Maserati 16 Cilindri Turismo »
A la fin des années 30 la Maserati V4 est vendue à un hollandais Erik Verkade mais, la guerre éclate et la hollande est envahie. Verkade démonte la voiture et cache les pièces du moteur dans sa chambre à coucher. Elles vont y rester près de cinq années. A la fin de la guerre, Verkade remonte la voiture et la conduit à l’usine Maserati pour une vérification.
En 1946 la Maserati V4 Zagato est vendue en grande Bretagne et demeure dans les iles anglo-normandes jusqu’à la fin des années 90 date à laquelle elle passe dans les mains d’un américain qui va la faire soigneusement restaurer dans sa configuration de 1934. Elle ne fait depuis que de très rares sorties et on la voit ici lors du Concorso d’Eleganza villa d’este 2014.
Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale
ultimatecarpage.com
supercar.net
swisscarsighting.com
mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :
autogaleria.hu
Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog ou en vous inscrivant à la Newsletter (voir ci-contre)