Un des plus brillants motoristes français, Louis Delage s’est, dans le début des années 30, approprié presque tout le marché des clients « super riches ». Mais il doit se battre pour trouver ces clients car si ses voitures sont techniquement à la pointe et superbement belles, elles sont aussi extraordinairement chères. De plus, s’il est un fin technicien il est sans doute un piètre gestionnaire. Sa renommée lui apporte une part de sa clientèle mais cela ne suffit pas et la banqueroute devient inévitable en 1935.
Son rival Delahaye reprend la société Delage et va faire vivre la marque, au moins pendant un temps. Ayant été concurrents ils se connaissent bien et, intelligemment les patrons de Delahaye vont reconnaitre les qualités et les performances du huit cylindres en ligne de Delage. Pour les deux modèles qui vont suivre la Delage D8-100 et la Delage D8-120 un nouveau moteur Delage est développé en 1936. Ces deux modèles de haut de gamme, correspondant à l’image de la marque Delage, seront cependant construits sur la base de châssis Delahaye.
Le nouveau moteur d’une cylindrée de 4,302 litres developpe une puissance maxi de 105 cv à 3 900 t/mn ce qui permet d’obtenir sur le modèle D8-120, pourtant assez lourd, une vitesse maxi de l’ordre de 160 km/h. Il est implanté longitudinalement à l’avant et accouplé à une boite semi automatique Cotal à quatre rapports d’origine Delahaye.
Comme toutes les voitures de luxe de l’époque, les modèle D8 sont livrés au client sous forme de châssis roulants, charge à lui de faire réaliser l’habillage à son goût chez un carrossier. Le principal carrossier habitué à travailler avec Delage est Chapron. Mais d’autres ont aussi été sollicités tels Pourtout, Letourneur & Marchand qui mirent un point d’honneur à réaliser les carrosseries les plus extravagantes. Toutes versions confondues les modèles D8 seront produits à 66 exemplaires.
Pourtout considère que cette voiture est une concurrente de la légendaire Bentley Embiricos, le carrossier est donc très fier de la présenter au salon de l’Automobile de Paris en 1938. Le style de ce coupé est du au responsable de la majorité des projets de Pourtout : Georges Paulin. Acheté quelques semaines plus tard par Mr. Destruel, elle subit quelques retouches à la demande du client qui va l’utiliser prudemment et la cacher pendant toute la durée de la guerre. On sait que la voiture sera vendue après la guerre et ce n’est qu’en 1989 qu’elle réapparait dans un très piteux état : couché sur le flanc dans un champ de la campagne française. Acheté par un collectionneur Belge très consciencieux elle va retrouver ses caractéristiques d’origine. Elle est présentée au Concorso d’Eleganza Villa d’Este en mai 2011.
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ultimatecarpage.com
supercar.net
swisscarsighting.com
Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog