Alors que Pékin a décidé de geler des commandes d’avions à Airbus en représailles à l’instauration de la taxe européenne sur la pollution aérienne, la sphère politique française, de l’UMP au PS en passant par EELV et le MoDem, continue d’afficher son plein soutien à cette mesure. C’est assez rare pour qu’on puisse le souligner !..
Malgré la pression de la Chine, pas question de céder. Alors que la grogne monte à Pékin contre la taxe carbone européenne - qui est entrée en vigueur le 1er janvier dernier -, la sphère politique française fait front commun pour défendre cette mesure destinée à limiter les émissions polluantes des compagnies aériennes. Il faut dire que jeudi 8 mars dernier, lors de la présentation des résultats 2011 d’EADS, son président, Louis Gallois, a annoncé que le gouvernement chinois a refusé d'approuver des commandes de longs courriers de ses compagnies. Pékin argue que la taxe carbone pourrait lui coûter environ 100 millions d’euros.
Une menace sur l’emploi
Au total, les ventes de 45 appareils - 10 A380 et 35 longs courriers A330 - sont en jeu, a précisé le patron du groupe d'aéronautique et de défense. Or selon les estimations d’Airbus, la Chine et l’Inde devraient peser pour 40% de la demande mondiale d’avions ces vingt prochaines années. Dans le scénario du pire, Pékin pourrait alors être tenté de ne plus passer ses commandes qu’auprès de l’américain Boeing, grand concurrent d’Airbus. Sachant qu’à la menace commerciale, s’ajoute la préoccupation de l’emploi. Rien que dans l’Hexagone, Airbus emploie plus de 20.000 personnes.
UMP et PS : « Ne pas céder au chantage »
Pour Gilles Carrez, député UMP et rapporteur de la commission des Finances, la France ne se laissera pas impressionner. "On est habitué aux menaces commerciales de la Chine", affirme-t-il. Sans préjuger de la position du gouvernement, Gilles Carrez assure toutefois "qu’on viendra à cette taxe carbone", et qu’il n’y a pas "d’opposition de principe". Mais ajoute, en guise de bémol, qu’il faudra "prendre le temps de la négociation" et probablement "assouplir" la mesure actuelle pour satisfaire tous les partis concernés.
Le Parti socialiste se montre lui plus incisif. Pour Laurence Rossignol, sa secrétaire nationale en charge de l'environnement, "il ne faut pas céder au chantage". D’après elle, "renoncer maintenant [à cette taxe] serait montrer la fragilité de l’Union européenne sur les émissions de gaz à effet de serre", insiste-t-elle, rappelant le rôle de locomotive du Vieux continent sur les problématiques environnementales. Puis de se fendre d’une pique auprès des compagnies aériennes : "Elles peuvent payer cette taxe, on ne les mets pas à genou!"
Ecologistes et MoDem : « Une question fondamentale »
Sans surprise, il en va de même chez Europe Ecologie-Les Verts (EELV). "On ne peut pas fermer l’œil sur les émissions significatives du transport aérien", martèle Denis Baupin. Qualifiant la situation de "bras de fer", l’adjoint au maire de Paris et membre du conseil stratégique d'Eva Joly voit dans ce débat "une question fondamentale" : "Les problématiques économiques importent-elles plus que celles concernant l’environnement?" Quant à Yann Wehrling, l’ancien secrétaire général des Verts devenu porte-parole du Modem, celui-ci appelle l’UE à "tenir bon".
L’Union Européenne reste ferme, l’Allemagne s’inquiète
Moins alarmiste, Jean-Louis Borloo juge pour sa part que la taxe carbone ne sera pas supprimée. Celle-ci "est bien installée en Europe" a affirmé le président du Parti radical vendredi, au micro d’Europe 1. Et de renchérir : "Ne vous inquiétez pas, les Airbus seront vendus!"
Ces positions politiques viennent conforter celle de l’Union européenne. Le ministre danois chargé du Climat, Martin Lidegaard (dont le pays assure la présidence de l’UE), a assuré vendredi que tant qu'une solution internationale n'aura pas été trouvée pour réduire les émissions du transport aérien, le Vieux Continent "maintiendra son système". Puis d’ajouter : "J'ai le sentiment que nous avons un Conseil des 27 pays de l’UE, uni sur ce sujet."
Pourtant ce vendredi, l’Allemagne a brièvement fait part de sa "préoccupation" concernant cette taxe via son ministère de l’Economie, avant d’être repris par le ministère de l’Ecologie, chef de file dans ce dossier. Signe qu’en période de crise et de chômage élevé en Europe, les 16.500 employés d’Airbus outre-Rhin pèsent lourd dans la balance. La bataille pour la taxe carbone ne fait que commencer.
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