Le gouvernement n’a pas osé. Selon la formule de calcul officielle, le taux du Livret A aurait dû tomber à 1% ce jeudi 18 juillet. Cela aurait été son plus bas niveau historique. Finalement, l’exécutif a arrêté sa chute à 1,25%. "Au nom du pouvoir d’achat", a expliqué Pierre Moscovici, le ministre de l’Economie. Les débats furent nourris et la tension palpable. Le patron de la Caisse des dépôts Jean-Pierre Jouyet, proche ami de François Hollande, avait avancé ces petits taux tout en estimant qu’il était délicat pour le pouvoir d’aller au-dessous de 1,5%...
La précaution de l’exécutif n’a rien d’économique. Elle est purement politique. Les Français ne verront pas vraiment la différence dans leur portefeuille. L’encours moyen d’un Livret A s’élève à 3.800 euros. Un quart de point sur un an (la différence entre 1% et 1,25%) représente donc seulement 9,50 euros. Et encore, la moyenne est trompeuse : la moitié des Livret A affichent un solde inférieur à 150 euros. Rendu en haut lieu à l’Elysée, dit-on, et présenté comme un exercice de haute voltige, cet arbitrage ne pèse financièrement rien, ou presque.
Revirement déroutant
Sur le plan de la politique économique, en revanche, c’est un virage à 180 degrés. Cette année, le gouvernement détourne les épargnants du Livret A après les avoir massivement encouragés à y placer leurs billes l’an dernier. En six mois, le taux d’intérêt aura été réduit d’un point (une première baisse a eu lieu en février). De quoi provoquer un arrêt brutal des placements. Alors que, dès son élection, François Hollande avait relevé les plafonds des livrets réglementés pour, au contraire, recueillir le plus d’épargne possible... la raison invoquée : orienter l’épargne des Français vers le logement et en particulier le logement social. Un tel revirement a de quoi dérouter.
En fait, le gouvernement a trop relevé les plafonds : l’afflux d’économies a dépassé les objectifs et la Caisse des dépôts, qui centralise l’argent des Livrets, s’est retrouvée sur un tas d’or à ne pas savoir qu’en faire. Au total, la collecte a atteint près de 50 milliards d’euros en 2012 contre 17,5 milliards en 2011. Or dans le même temps, la consommation des ménages a reculé et la France est entrée en récession. Manque de chance ou erreur de politique économique? Cet argent aurait été plus utile, à court terme, pour soutenir la croissance et sauver des emplois.
Quelques mois plus tard, le gouvernement a trouvé comment utiliser la manne, en dopant par exemple les prêts aux collectivités locales pour les aider à investir - une façon de compenser l’amputation de 1,5 milliard d’euros de leurs dotations en 2014. Il s’est donc résolu à baisser le taux du Livret A, s’entourant de précautions pour faire passer une mesure a priori impopulaire. Elle pèsera surtout sur 10% des épargnants, ceux qui atteignent le plafond.
Encore une hésitation malencontreuse qui, un jour ou l’autre, pèsera dans la balance !....
Source : leJDD.fr 18-07-2013
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