Fin de partie pour la compagnie maritime SeaFrance. Le tribunal de commerce de Paris a décidé lundi 9 janvier la liquidation définitive de SeaFrance avec cessation d'activité. Aucune offre de reprise n'était "valable" selon les juges. Personne ne s’attendait plus à un miracle dans cette affaire dont on découvre, jour après jour, des dessous assez étranges. Mais le coup est rude pour Calais et sa région qui vont perdre plus de 1 000 emplois directs.
SeaFrance, seule compagnie maritime française à assurer la liaison entre l'Hexagone et le Royaume-Uni, n'existe plus. Le tribunal de commerce de Paris, en charge du dossier, a prononcé lundi 9 janvier la liquidation définitive avec cessation d'activité de l'entreprise. Les juges ont estimé que l'offre de reprise formulée par la coopérative ouvrière (Scop) n'était pas "valable" : "Il n'existe aucune offre de reprise valable, l'activité ne peut être poursuivie, le tribunal met fin à la période de maintien de l'activité de SeaFrance", selon l'exposé oral des motifs de la décision du tribunal.
La Scop ne dispose pas du financement nécessaire
L'offre de la Scop "n'est pas très différente de la précédente" et présente "le grave inconvénient de ne pas apporter le financement nécessaire à la réalisation du plan envisagé", selon le président du tribunal. "Le candidat chiffre lui-même les besoins pour le redémarrage de l'activité à 50 millions d'euros (...) l'activité ne peut être poursuivie du fait d'un manque de trésorerie de l'entreprise. En conséquence, le tribunal met fin à la période de maintien de l'activité de la société SeaFrance". A la suite du soutien imprévu de l'opérateur du tunnel sous la Manche Eurotunnel apporté lundi à la Scop, les avocats des quelque 880 salariés français de SeaFrance avaient demandé un report de la décision, mais n'ont pas été suivis par le tribunal. Un tel report n'est pas "compatible avec l'urgence de la décision à prendre", ont fait valoir les juges.
"Un gâchis énorme"
L'avocat des porteurs de la Scop a expliqué, après la décision, qu'il s'agissait d'un "gâchis énorme, un gâchis social d'abord puisqu'il concerne le sort de 1.010 salariés, un gâchis économique également", a déclaré Me Philippe Brun, en référence aux 880 salariés de SeaFrance à Calais et aux 130 de la filiale britannique. Si l'offre de la Scop n'est pas valable aux yeux de la justice, il faut rappeler qu'elle ne recueillait pas l'assentiment de tous les salariés : moins de 250 d'entre eux - sur 880 - seraient prêts à y participer, selon des sources proches du dossier, qui invoquent une "vraie défiance" vis-à-vis du syndicat CFDT, porteur du dossier. Un syndicat CFDT qui, en fin de semaine dernière, avait été désavoué par François Chérèque, patron de la CFDT parisienne. Un syndicat que l’on soupçonne d’avoir tenté de manipuler des salariés et même d’être à l’origine de quelques malversations.. Pas de quoi donner confiance aux juges, ni aux politiques, Président en tête qui avaient pris le dossier en main.
Toutes ces rumeurs de magouille syndicale n’ont d’ailleurs pas empêché le responsable local de la CFDT, venu assister à l’audience du tribunal, de proclamer que les salariés avaient été « trahis » par le gouvernement..
Les envies d’Eurotunnel
Quoi qu’il en soit, la décision du tribunal ne condamne pas les envies d'Eurotunnel de reprendre l'activité. La compagnie pourrait racheter les bateaux notamment de SeaFrance lors d'une vente aux enchères. Eurotunnel a tout fait pour tenter de montrer son volontarisme dans ce dossier. "On ne peut pas laisser disparaître la seule compagnie française du port de Calais", fait valoir le PDG d'Eurotunnel. "Je pense, comme la région Nord-Pas-de-Calais, que ce projet de reprise en coopération ouvrière mérite d'être étudié et aidé", déclare-t-il.
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