La négociation ou la concertation n'a pas commencé depuis huit jours que les syndicats, dans un bel élan, préparent déjà la riposte aux quelques propositions évoquées par le gouvernement. Ils appellent à la mobilisation pour "un grand 1er-Mai". François Chérèque (CFDT) juge la position du gouvernement "intenable".

En une semaine, le gouvernement a réussi à mobiliser les syndicats! Les leaders préparent leurs militants et les salariés à défiler contre la réforme des retraites. Eric Woerth, ministre du Travail, n’a pas encore annoncé les mesures concrètes. Il ne devrait pas les dévoiler avant la mi-mai. Mais vendredi, la CGT, la CFDT, la FSU, l’Unsa et Solidaires (SUD) ont appelé à un "grand 1er Mai". Les autres centrales, dont Force ouvrière, battront le pavé séparément. La fête du Travail tombe un samedi, propice aux grands rassemblements. Ce rendez-vous dans la rue devrait être suivi d’autres, au gré du calendrier de la réforme. Vendredi, le secrétaire général de la CFDT François Chérèque a anticipé "une rentrée sociale importante" pour septembre, quand le projet de loi sera discuté au Parlement, "s’il y a un texte qui ne va pas dans le sens qu’on veut".

Les leaders syndicaux enragent. Ils constatent que le gouvernement est resté sourd à leurs propositions. Le ministre du Travail Eric Woerth a exclu cette semaine tout prélèvement supplémentaire pour financer les retraites, sauf cas particulier. Divisés sur d’autres points, les syndicats s’accordent pour réclamer des taxes nouvelles, notamment sur les revenus du capital. Une vision partagée par Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste.

Travailler 7,5 ans supplémentaires

L’unique paramètre pour préserver les pensions serait donc l’allongement de la durée de cotisation. Cette mesure pourrait être couplée au report de l’âge légal de 60 ans à 61, 62 ou 63 ans. "C’est une position intenable!", balaie François Chérèque. "Il est impossible de vouloir régler le problème financier pour 40 ans en jouant sur un seul critère."

Le Conseil d’orientation des retraites (COR) a donné cette semaine les clés de la réforme. Son rapport livre les "abaques" (graphiques de calcul) de l’équilibre financier. A l’horizon 2030, il faudrait travailler environ 7 ans et demi de plus pour maintenir le niveau actuel des pensions par rapport au salaire de référence. Une mesure politiquement indéfendable. Si le gouvernement acceptait comme unique solution de relever les cotisations, il lui faudrait imposer une hausse de 7,5% des prélèvements pour la retraite. Ce qu’il exclut, donc. Troisième hypothèse, s’il ne touche ni à l’âge ni aux taxes, les retraites tomberaient de 30%. Dans sa grande sagesse, le COR suggère de ne pas jouer sur un seul paramètre.

Le ton va monter d’un cran cette semaine. L’intersyndicale se réunit lundi pour confronter ses revendications et établir une plateforme commune. Mardi, elle appelle les militants à sensibiliser les salariés à la réforme et à les convaincre de défiler. Jeudi, le secrétaire d’Etat à la Fonction publique, Georges Tron, entame un premier round de discussions avec les représentants des fonctionnaires. Unanimes, ces derniers refusent les premières pistes qui circulent: une harmonisation du calcul avec le privé, une hausse des cotisations sans contrepartie ou encore la fin des avantages familiaux. Un fonctionnaire qui a trois enfants peut partir au bout de quinze ans d’activité. Mais, on l’a bien compris, le gouvernement a placé sa réforme sous le sceau de l’équité.

Source : lejdd.fr  18-04-2010           

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