Entre son « contrat de générations », le « nucléaire » et la « retraite à 60 ans », François Hollande a vraiment du mal à exposer un programme clair. Dans l’affaire des retraites pour laquelle François Fillon l’a accusé de mentir, il a tenté, une nouvelle fois, de clarifier sa position mais, empêtré dans ses contradictions, il n’a fait qu’entretenir le flou. Le candidat socialiste semble s'écarter une nouvelle fois du projet du PS. Et de ses propres propositions sur la question.
Avant de s'envoler pour Rome vendredi, François Hollande est passé mercredi 14 décembre par le 10e arrondissement de Paris. Dans un froid hivernal, le candidat socialiste est venu visiter un centre Emmaüs, qui héberge une cinquantaine de personnes en difficulté. Mais loin du sujet de la pauvreté, il s'est rapidement fait rattraper par le thème des retraites. Interrogé par la presse, le candidat a tenté une nouvelle fois de clarifier sa position sur la question, alors que la droite l'accuse - par la voix de François Fillon - de mentir aux Français sur cette question.
"Pour celles et ceux qui ont leur durée de cotisation, qui ont donc commencé tôt à travailler, 18 ans, et qui peuvent prétendre partir à la retraite à 60 ans, la première décision que je prendrai ira en direction de ceux-là", a-t-il expliqué. "Deuxième acte : une négociation avec les partenaires sociaux sur la durée légale, la décote, la pénibilité". A la question de savoir si ceux ayant commencé à travailler après 18 ans et n'ayant pas toutes leurs annuités pourraient partir à la retraite à 60 ans avec décote, François Hollande balaye : "Aujourd'hui ce n'est plus possible" puisqu'une loi a été votée fixant la retraite à 62 ans".
« Cela restera un programme présidentiel de gauche »
Autrement dit, ceux qui ont commencé à travailler à 18 ans pourront bénéficier de la retraite à 60 ans. Pour les autres… pas de réponse dans l'immédiat. Un changement de position par rapport à la ligne officielle du Parti socialiste. "Pour les retraites, nous rétablirons l’âge légal à 60 ans", peut-on lire dans le projet du parti pour 2012, sous-entendant que tout le monde sera concerné par cette mesure. En octobre dernier, lors d'un face à face avec Martine Aubry sur le plateau de France 2 lors de l'entre-deux tours de la primaire, François Hollande promettait aussi que ceux qui n'avaient pas cotisé 41 ans auraient la liberté de partir à 60 ans, avec une pension plus faible. Sauf qu'aujourd'hui, ni la question de la pénibilité, ni celle de liberté de chacun de partir à 60 ans ne semble tranchées.
Mais pour le principal intéressé, pas question de concéder un quelconque changement de position. "J'avais pris position sur cette question dans ce qu'on a appelé les primaires et je continue d'affirmer la même démarche. C'est toujours au nom de la justice", a ainsi assuré François Hollande. Et ses lieutenants justifient comme ils peuvent cette nouvelle position, en minimisant l'ampleur du revirement. Le maire de Paris, soutien de la première heure de Martine Aubry durant la campagne de la primaire, concède tout juste qu'il y a eu quelques modifications "entre le projet et le moment où nous sommes". "Ça restera un programme présidentiel de gauche", promet-il, comme pour mieux rassurer ceux qui en doutaient. Et d'argumenter, point par point : "Ce que vient de dire François c'est, 1) on casse la réforme mauvaise, injuste qui a été faite par la droite; 2) on rétablit les droits de ceux qui en ont le plus besoin; 3) on négocie avec les syndicats. Il n'y a pas plus démocratique, il n'y a pas plus de gauche".
Une rhétorique reprise par Marisol Touraine, en charge des questions sociales dans l'équipe du candidat socialiste. "La mise en place d'une réforme durable passera par la négociation. Il en a toujours été question", plaide-t-elle, avant de répéter : "François Hollande dit la même chose". A quelques détails près.
Source : leJDD.fr 14-12-2011
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