Réformer l'école et les rythmes scolaires semblent faire consensus sur le fond. En revanche, sur la forme, ça coince. Maires, parents d’élèves, enseignants, de toute part s’élève des critiques sur la mise en place du travail le mercredi matin et surtout sur les activités périscolaires qui étant censées accompagner la réforme.
La récréation est loin d'avoir sonné pour le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon. Sa réforme sur les rythmes scolaires, mise en place dans près de 4.000 communes sur plus de 37.000, n'en finit pas de faire des remous. Grogne de l'opposition bien sûr, mais aussi de certains maires, professeurs et parents d'élèves. Si tout le monde, ou presque, s'accorde à valider le bien-fondé d'une réforme - notamment le passage de la semaine de quatre jours, unique en Europe, à quatre jours et demi - beaucoup de scepticisme subsiste. Les principaux points de discorde : la fatigue des enfants, l'organisation de la vie périscolaire, ou encore le coût de la réforme et l'impossibilité pour les maires de l'appliquer dans certains cas.
L'organisation de la vie périscolaire pas encore au point
Aménager du temps pour occuper les enfants de manière pédagogique, sportive ou culturelle ? D'accord, mais il faut y mettre les moyens et être organisé. C'est là où le bât blesse : dans certaines petites communes, les élèves se contentent d'heures de récréation supplémentaire sans encadrement particulier. Avec parfois des situations très limites : "Chez moi c'est de la garderie, il n'y a pas d'activités proposées aux élèves. La semaine dernière, deux personnes se sont retrouvées avec 47 enfants à surveiller pendant une heure", confie ainsi à Europe 1 Lydie, enseignante à Chizé, dans les Deux-Sèvres.
Certaines associations communales et intercommunales, en charge des activités périscolaires, n'ont en outre pas pu s'organiser à temps pour la rentrée, contactées trop tardivement. Dans d'autres cas, les enfants se retrouvent surchargés d'activités, notamment en maternelle. Certains demandent d'ailleurs que la réforme ne s'applique qu'aux écoles primaires. Autre problème : le manque de formation des personnes censées assurer l'articulation entre la vie scolaire et périscolaire, voire leur isolement vis-à-vis de l'équipe pédagogique. " Les personnes en charge de cette articulation se sont souvent trouvées seules pour gérer la situation. Beaucoup aussi n’avaient pas été formés à ce rôle", affirme Georges Fotinos, ancien responsable du dossier rythme scolaire au ministère de l’Education nationale.
Le coût de la réforme
Là, ce sont les maires qui mènent la fronde. Et pour cause : si le ministre de l'Education Vincent Peillon leur a assuré une enveloppe de 250 millions d'euros pour aider les communes à mettre en place la réforme, l'Association des maires de France (AMF), chiffre pour sa part son coût entre 600 et 800 millions d'euros. Pour assurer l'encadrement périscolaire les lundi, mardi, jeudi et vendredi pendant les 45 minutes de battement, l'embauche d'animateurs sera nécessaire, arguent-ils.
Sans budget supplémentaire, les maires se verront contraints d'augmenter les impôts locaux. En pleine période électorale, à quelques mois des élections municipales ? Impossible, pour de nombreux élus locaux, qui évoquent un suicide politique. D'autant que les équipes municipales qui doivent préparer la réforme pour septembre 2014 ne pourront peut-être pas l'appliquer s'ils ne sont pas reconduits à leur poste.
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