Jean Pierre Raffarin est un homme libre. Il l'a dit et répété; il le montre à chaque fois que l'occasion lui en est donnée. La semaine dernière il recommandait au Président de la République de se dégager du court terme. Cette semaine, en invitant François Bayrou à «réfléchir à un retour au sein d'une majorité présidentielle élargie», Jean-Pierre Raffarin a agacé une partie de la majorité.

Bayrou? «Ce n'est plus un sujet» pour Maurice Leroy, député Nouveau Centre du Loir-et-Cher. Ce ci-devant UDF a trouvé que Nicolas Sarkozy était «dans son rôle» le 22 avril, quand il a reçu son adversaire centriste, «parce que c'est quand on est fort qu'il faut se montrer ouvert». En revanche, il estime que Jean-Pierre Raffarin a commis une «erreur d'analyse» , mercredi dernier, en invitant François Bayrou à «réfléchir à un retour au sein d'une majorité présidentielle élargie». «François Bayrou doit se rendre compte que sa stratégie d'alliance avec la gauche est un échec" , a expliqué l'ex-premier ministre sur LCI. "Il peut retrouver sa place pour essayer de renforcer le centre.»

Jean-Pierre Raffarin, qui a aussi sélectionné Jean-Louis Borloo parmi les «bons candidats» pour représenter le centre au premier tour de la présidentielle, a justifié sa démarche en assurant qu'«il faut tendre la main à tout le monde quand on veut gagner». «Je ne vais pas nier qu'en 2012, il y aura un problème de réserve de voix pour le second tour, concède Leroy. Mais je ne vois pas l'intérêt pour l'UMP, ni a fortiori pour le Nouveau Centre, de faire des appels du pied à Bayrou. Il n'a pas besoin de ça pour se recentrer. Il va le faire, parce qu'il l'a toujours fait et qu'aujourd'hui, plus personne au PS ne se pose la question de s'allier ou non avec le MoDem.» «Ne rendons pas à Bayrou le service de parler de lui alors qu'il pèse 4% des voix!», conclut le député du Loir-et-Cher.

«Volte-face»  

Dominique Paillé, lui aussi ex-UDF, mais rallié à Jacques Chirac en 2002, avance un argument supplémentaire: «Quelle serait notre crédibilité si, après avoir dit tout le mal que nous pensions de Bayrou -et je n'ai pas été le dernier- nous expliquions à nos électeurs que nous le voyons comme un allié potentiel?» «Accessoirement, ajoute le porte-parole adjoint de l'UMP, si Bayrou veut faire volte-face entre le premier et le second tour de la présidentielle de 2012, il faudra qu'il l'habille sacrément pour convaincre l'électorat du MoDem qu'il ne se renie pas !»

Comme Leroy, Paillé reconnaît que la question posée par Raffarin est la bonne, même si sa réponse ne l'est pas. Le problème des réserves de voix, encore et toujours. Qui n'en est d'ailleurs pas un pour tout le monde, puisqu'il permet à Jean-Louis Borloo, entre autres, de caresser à haute voix les ambitions les plus élevées. Interrogé dimanche sur le sujet par Canal+, le ministre de l'Écologie a promis qu'il se pencherait «très sérieusement» sur la création éventuelle d'un parti et/ou une candidature en 2012 après le vote du Grenelle II, prévu mardi.

Source : lemonde.fr 10-05-2010 

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