Dans la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 juillet dernier, l’assurance maladie et les médecins libéraux ont signé un protocole d’accord généralisant la « prime à la performance ». Un système qui, selon les syndicats de médecins, permettra de favoriser la qualité des soins.
Pas d’économie sur le dos des malades
C’est pour les médecins une importante victoire, mais certains craignent qu’elle soit mal interprétée. La prime à la performance ne va pas entraîner "des économies de santé sur le dos des gens", s’empresse d’expliquer Vincent Rébeillé-Borgella, conseiller national du syndicat MG France. “Le nom est un peu ambigu”, concède-t-il. "J’ai envie de l’appeler prime pour la qualité", indique ce praticien. Quel qu'en soit le nom, la généralisation de cette prime testée depuis 2009 pourrait s’avérer très profitable pour les généralistes : jusqu’à 9.100 euros par an pour les 45.000 médecins concernés. Et elle devrait être prochainement étendue à certains spécialistes. Cette nouvelle mesure devrait en tout cas changer les habitudes des médecins et des patients.
L’objectif : améliorer le suivi des patients
La principale justification de la prime à la performance est de récompenser un travail que, selon Vincent Rébeillé-Borgella, les médecins effectuent déjà : le suivi dans la durée de certaines pathologies. Grâce à une série d’une trentaine de critères prédéfinis, les médecins seront évalués sur l’ensemble de leur patients. Ainsi, la prescription de génériques, le taux de patientes participant au dépistage du cancer du sein ou la transmission d’un certain nombre de feuilles de soin électroniques seront pris en compte. “Imaginez que vous êtes diabétique. Un des marqueurs du diabète est le taux d’hémoglobine glycolysée. On doit la doser trois ou quatre fois par an. On a défini un taux cible et on va vérifier, par exemple, si sur 80% de mes patients diabétiques, j’atteins cet objectif”, explique le médecin.
Le coût : pas d’augmentation directe du forfait
L’adoption de la prime n’entraînera pas pour les patients d’augmentation du tarif de la consultation, qui reste fixé à 23 euros. Toutefois, la mesure coûtera un peu plus cher que ce qu’envisageait initialement l’Assurance maladie : dans sa proposition antérieure à la négociation de mercredi, la prime était plafonnée à 8.400 euros, soit une “rémunération par patient de 10,5 euros”, calculée d’après une patientèle moyenne de 800 patients. Finalement, la rémunération atteindra 11,4 euros par patient.
Les principales pathologies concernées : diabète et hypertension
Les critères concerneront pour la plupart les patients atteints de diabète et d’hypertension. Pourquoi cette limitation? “Parce que ce sont les deux principales pathologies en France. Si tous les patients étaient traités de façon optimale, on aurait une réduction importante des complications liées à ces pathologies”, répond Vincent Rébeillé-Borgella. Or c’est bien là l’un des enjeux de la prime : l’amélioration du suivi doit prévenir l’apparition de complications qui entraînent d’importants frais de santé. Pour le praticien, “c’est un investissement sur l’avenir” et un changement de logique. Les médecins généralistes pourront désormais augmenter leurs revenus en améliorant la qualité des consultations, pas en les écourtant le plus possible pour pouvoir les multiplier.
La méthode : l’informatisation
Une fois par an, le médecin devra produire une “fiche de synthèse de l’état de santé de son patient”, sur laquelle les critères apparaîtront. Mais ce document ne sera destiné qu’au patient. Pour les analyses globales, “seules les données agrégées et anonymisées seront étudiées”, assure Vincent Rébeillé-Borgella. Aucun risque selon lui que le secret médical soit trahi. En outre, l’utilisation de l’outil informatique doit permettre aux médecins de mieux évaluer leur travail.
Source : leJDD.fr 21 juillet 2011
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