La commission Juncker planche sur un vaste plan d’investissement. Le nouveau Président de la Commission en avait fait un des points clé de sa campagne électorale. La France escompte 40 milliards de retombées.
C'est une bouffée d'espoir pour l'économie européenne. Jean-Claude Juncker, le nouveau président de la Commission, doit présenter cette semaine un plan d'investissement de 300 milliards d'euros destiné à sortir l'Europe du marasme. Il y met la dernière main ce week-end. Ce projet phare pourrait marquer l'histoire du continent. Le conservateur luxembourgeois en avait fait son argument clé pour réunir au Parlement européen la coalition PPE-PSE qui l'a porté au pouvoir. Il a donc recueilli un précieux consensus droite-gauche, sur le principe du moins.
Une impulsion de plus de 2% du PIB
Les enjeux sont de taille. L'économie européenne s'enlise : la croissance des Vingt-Huit tourne autour de zéro depuis trois ans et demi. L'investissement accuse un recul de 15 % dans la zone euro depuis 2008, alors qu'aux États-Unis il a retrouvé son niveau d'avant la crise. Ce retard explique en partie le niveau élevé du chômage. Le plan Juncker, prévu sur trois ans, donnerait une impulsion de l'ordre de 2,3% au PIB de l'Union. D'un point de vue politique, le président de la Commission entend agir face aux scores élevés réalisés aux européennes par les partis d'extrême droite. Il estime que la survie de l'Union européenne est en jeu.
Un apport de fonds privés
D'où viendrait l'argent? Les 300 milliards d'euros ne peuvent pas sortir des caisses des États, exsangues et endettés. Juncker veut plutôt mobiliser des fonds privés pour parvenir à ce total. Il lui faut au préalable offrir des assurances financières aux investisseurs. Une forme de garantie communautaire qui couvrira les risques. Ce type de montage est utilisé par les établissements comme la Banque européenne d'investissement. Les économistes appellent cela l'"effet de levier".
De 30 à 60 millions d'euros de fonds publics?
Pour commencer, le président de la Commission doit donc constituer une première enveloppe. Elle proviendrait de ressources financières non utilisées par l'Union et d'apports raisonnables des États. Là, les choses se compliquent. Le PPE estime que 30 milliards d'euros peuvent suffire pour amorcer le dispositif. Pas question d'endetter plus lourdement les pays. "Ce n'est pas un plan budgétaire, c'est un nouvel élan, un nouvel état d'esprit", argumente Alain Lamassoure, chef de file des eurodéputés UMP.
L'Allemagne est sur cette ligne. Elle a toutefois montré sa bonne volonté en augmentant récemment ses propres investissements publics. De son côté, Emmanuel Macron, ministre français de l'Économie, considère qu'un minimum de 60 milliards d'euros est nécessaire. Le débat n'est pas clos. "Juncker a besoin de nous sinon il n'a pas de majorité", appuie l'eurodéputée PS Isabelle Thomas. À quoi serviront les fonds? Chaque pays a fait remonter à Bruxelles une liste de grands travaux, une trentaine pour la France. Les retombées financières dans l'Hexagone pourraient aller jusqu'à 40 milliards d'euros, selon une source à Bercy. Un niveau identique est espéré en Italie.
L'Allemagne et la France affichent leur unité
Le processus de sélection des investissements reste à déterminer, la manne faisant l'objet d'un autre débat politique. La droite française au Parlement n'entend pas envoyer un chèque à François Hollande sans préalable. "Il est probable que Juncker ajoute une condition, celle de donner la priorité aux pays qui ont fait des réformes de structure comme le Portugal, l'Espagne et l'Irlande", plaide Alain Lamassoure. Michel Sapin, ministre des Finances, refuse cet "enfantillage". "Il faut une cohérence entre les politiques budgétaires et le plan d'investissement", souligne-t-il par ailleurs.
Juncker n'est pas seul à la manœuvre. L'Allemagne et la France ont choisi d'afficher leur unité sur les arbitrages à venir. Les ministres des Finances et de l'Économie des deux pays présenteront le 2 décembre leur contribution au projet. Elle sera, par définition, proche de la décision finale. Les chefs d'État des Vingt-Huit doivent donner leur feu vert au dispositif mi-décembre au sommet de Bruxelles. À Bercy, on espère que les premiers euros seront injectés dans l'économie dès l'été 2015.
Source : leJDD.fr 23-11-2014
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