
C'était le 4 novembre 2008. "Je ne sous-estime pas l'énormité de la tâche qui est devant nous", déclarait le nouveau président des États-Unis, Barack Obama, avant de dérouler l'essentiel de son programme . Un an plus tard, le locataire de la Maison-Blanche a entrepris une bonne partie de ses engagements. Un des points majeurs est en débat actuellement : la réforme du système de santé.
Le jeudi 29 octobre dernier, la présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi, arbore un large sourire. Devant les marches du Capitole - lieu où Obama a prêté serment il y a neuf mois -, elle brandit le plan de réforme de la couverture santé qui sera bientôt débattu par les représentants, équivalents des députés outre-Atlantique. "Aujourd'hui, nous sommes sur le point de tenir notre promesse d'édifier un système de santé abordable et de qualité pour tous les Américains", se réjouit-elle. Barack Obama évoque, lui, un "pas historique".
Le projet de loi de près de 2.000 pages prévoit un système d'assurance-maladie géré par le gouvernement qui sera mis en concurrence avec les compagnies privées. Selon une estimation préliminaire du bureau du budget du Congrès, le plan des démocrates de la Chambre coûterait 894 milliards de dollars sur 10 ans. Il respecterait ainsi le plafond de 900 milliards fixé par l'administration, et permettrait à 36 millions d'Américains qui n'en ont pas de s'offrir une couverture santé. Au total, 96 millions d'Américains seraient ainsi couverts.
Obama veut un vote avant la fin de l'année
Tous les prédécesseurs de Barack Obama ont échoué à faire passer cette réforme. En particulier le démocrate Bill Clinton, qui, en 1994, avait perdu la majorité au Congrès en trébuchant sur un texte semblable. Car derrière les débats sur le système de santé, c'est la question de l'identité nationale américaine qui est posée. Outre-Atlantique, l'opinion publique est viscéralement allergique à toute intervention étatique. Résultat, Barack Obama se retrouve taxé de "socialiste" par ses détracteurs... Injure suprême aux États-Unis. Des affiches montrant le Président salué par Hitler ont même fleuri dans plusieurs villes américaines. "On adore votre nouvelle réforme de la santé", lui lance le dictateur...
Face à cette tempête, l'équipe présidentielle a donc contre-attaqué. Elle a dépensé des dizaines de millions de dollars dans l'achat de clips censés vendre la réforme aux Américains. En août, un site Internet baptisé "Lutte contre la calomnie" (" fightthesmears.com ") a été lancé par la Maison-Blanche. Le 14 septembre dernier, c'est Barack Obama en personne qui est monté au créneau pour défendre "sa" réforme. Quelques jours après avoir été traité de " menteur " par un sénateur républicain à propos de ce texte, il a ainsi accusé l'opposition de vouloir " torpiller" sa présidence . "Vous savez bien : un jeune président arrive, il propose un système de santé. Ça échoue et alors, les républicains utilisent ça pour gagner les élections au Congrès lors de l'élection d'après... Je pense que certains sont en train de vouloir dépoussiérer ce scénario", a ainsi estimé le chef d'État, bien décidé à tordre le cou à cette "tradition". Reste que rien n'est joué : des divergences au sein même du camp démocrate. Et Barack Obama veut aller vite. "On ne peut pas attendre la réforme de la couverture maladie un an de plus", a-t-il rappelé fin octobre. Le défi est lancé.
Source : lepoint.fr 05-11-2009