À un mois du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement qu'organise Barack Obama à Washington, les 12 et 13 avril, sur la sécurité nucléaire, la France veut faire entendre sa voix. Paris accueille, lundi 8 et mardi 9 mars, une conférence ministérielle, réunissant 65 pays, sur le thème de la "renaissance" du nucléaire civil dans le monde, et les moyens de s'assurer que les Etats qui partent de zéro en la matière pourront se doter de cette source d'énergie dans les meilleures conditions de sûreté.
Nicolas Sarkozy, qui a fait depuis 2007 de l'offre de technologie nucléaire française à des pays du monde arabo-musulman l'un des axes de sa diplomatie, s'est exprimé, lundi 8 mars au matin, devant cette conférence, à laquelle est associée l'Agence internationale de l'energié atomique (AIEA), représentée par son nouveau directeur, le Japonais Yukiya Amano.
Le chef de l'Etat souligne le lien entre la promotion du nucléaire civil et la consolidation du traité de non-prolifération (TNP) de 1968. "Le monde ne se divise pas entre pays possesseurs de la technologie nucléaire, arcboutés sur un privilège, et des peuples réclamant un droit que les premiers leur refuseraient", affirme-t-il.
Le message de M. Sarkozy cible en filigrane l'Iran, qui s'est employé ces dernières années à rallier le soutien de pays du Sud en avançant qu'il subissait une forme de discrimination à propos de son programme nucléaire, prétendument pacifique. "Personne n'a intérêt à une nouvelle course aux armements. Personne ne souhaite avoir dans son voisinage un Etat qui triche", observe M. Sarkozy. "La France sera intraitable pour la défense du droit de chaque Etat d'accéder au nucléaire à des fins pacifiques. Elle sera tout aussi intraitable à l'encontre de ceux qui violent les normes de notre sécurité collective."
Façon de rappeler que Téhéran, en refusant de faire toute la transparence sur ses activités, et en ignorant les injonctions du Conseil de sécurité de l'ONU, viole ses obligations internationales Le président français brandit l'exemple de pays ayant renoncé par le passé à des programmes d'armes de destruction massive, citant notamment "le caractère historique" de la décision prise en 2003 par la Libye de mettre un coup d'arrêt à ses acquisitions clandestines de matériel nucléaire.
UN INSTITUT INTERNATIONAL
M. Sarkozy a annoncé la création d'un "Institut international de l'énergie nucléaire", avec une école accueillant des enseignants et des chercheurs de divers pays. La France, qui a participé au renforcement des mesures de non-prolifération au niveau européen, veut montrer l'exemple. Elle prône l'idée d'une "universalité" du protocole additionnel de l'AIEA qui prévoit des inspections inopinées et larges dans les pays menant des activités nucléaires. Paris soutient en outre le projet d'une banque internationale de combustible nucléaire prôné par l'AIEA.
La conférence de Paris, à laquelle ni l'Iran ni la Syrie n'ont été invités, est complémentaire du sommet de Washington, axé sur la lutte contre les détournements de technologie sensible par des terroristes. Elle vise à faciliter l'émergence d'un consensus international, à l'approche de la conférence sur le TNP, qui s'annonce difficile.
Source : lemonde.fr 08-03-2010
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