Quatre jours après l'accord du sommet européen de Bruxelles, le Président de la République défend, point par point, ce texte - dont il est l'un des principaux artisans - dans un long entretien au quotidien « Le Monde » daté de mardi 13 décembre. Nicolas Sarkozy répond aussi aux attaques de la gauche à son encontre.
Pédagogue et convaincu, Nicolas Sarkozy se pose désormais en ardent défenseur de l'accord européen. Dans un entretien au Monde daté de mardi 13 décembre, le chef de l'Etat vante ainsi les mérites du texte signé vendredi 9 décembre dernier par les chefs d'Etat européens, et dont il est l'un des principaux artisans avec la chancelière allemande Angela Merkel. "Ce sommet marque une étape décisive vers l'intégration européenne. A ce titre, il crée les conditions du rebond et de la sortie de crise", juge ainsi le locataire de l'Elysée.
« J’aimerais pouvoir dire que le risque d’explosion de l’Euro est totalement écarté »
Rassurer donc sans pour autant exclure un quelconque scénario. Le risque d'explosion de l'Europe? "J'aimerais pouvoir dire qu'il est totalement écarté", répond-il alors que la semaine dernière encore, avant le sommet de Bruxelles, il estimait que cette hypothèse restait plausible. "Je m'en garderai pourtant", poursuit-il. "Nous avons fait tout ce qu'il était possible de faire. Dans un monde parfait, théorique, on devrait faire plus, mais la caractéristique de l'homme de gouvernement, de l'homme d'Etat, c'est de faire avec les réalités", justifie encore Nicolas Sarkozy, un brin philosophe.
Aussi, Nicolas Sarkozy estime qu'il n'a été à aucun moment alarmiste mais qu'il fallait être réaliste face à l'ampleur de la crise. "Si vous voulez bien considérer que le tout s'est déroulé sur le fond d'une crise de la dette sans précédent dans l'histoire du monde, je n'ai nullement cherché à dramatiser lorsque j'ai dit que nous étions tous au bord du précipice", argue le président. "L'euro est le cœur de l'Europe. S'il explose, l'Europe n'y résistera pas. La crise de confiance et de crédibilité de l'euro faisait donc peser un risque sur la pérennité de l'Union européenne", poursuit-il.
« Ceux qui cherchent à nourrir la germanophobie se déconsidèrent »
Dans cet entretien, Nicolas Sarkozy en profite aussi pour balayer les attaques de la gauche, selon laquelle cet accord traduit le risque d'une perte de souveraineté. "On ne délèguera pas à d'autres notre souveraineté économique", promet-il. "Il s'agira d'un exercice partagé de la souveraineté par des gouvernements démocratiquement élus (…) On conforte sa souveraineté et son indépendance en l'exerçant avec ses amis, ses alliés, ses partenaires", poursuit Nicolas Sarkozy, comme pour mieux appuyer sa démonstration. Et d'insister : "Pas un seul domaine nouveau de compétences ne sera transféré à une quelconque autorité supranationale".
Après s'être défendu face aux attaques du Parti socialiste, le chef de l'Etat répond à ceux qui ont vu dans cet accord une défaite de la France face à l'Allemagne. "C'est vrai que le sommet de Bruxelles est le fruit d'un compromis franco-allemand et, depuis le début de cette crise, nous avons fait mouvement l'un vers l'autre", souligne-t-il, rappelant le ralliement d'Angela Merkel "à l'idée d'un gouvernement économique" et à la création "d'un fonds monétaire européen, incarné par le MES" (Mécanisme européen de stabilité).
Plus virulent, Nicolas Sarkozy répond implicitement aux attaques d'Arnaud Montebourg, qui avait parlé de "capitulation" de Paris face à Berlin. Le chef de l'Etat dénonce "ce langage guerrier qui fleure bon le nationalisme d'antan". Il conclut : "Ceux qui cherchent à nourrir la germanophobie se déconsidèrent".
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