La rue Mages, qui monte de la mairie de Montesquieu à la place de la Halle, a vu son charcutier, son boucher et son primeur fermer les uns après les autres au fil des ans. Depuis la mi-mars la vitrine du « Potager », le nouveau primeur, égaye désormais la rue de ses couleurs acidulées, et c'est un peu de vie qui revient. Édifiante à plus d'un titre, l'histoire ne raconte pas seulement la résurgence d'un art de vivre la ruralité, par la réintroduction de commerces de proximité. Elle nous instruit aussi sur notre époque au travers du parcours de Nadia et Lahouari Alem. Ce couple d'Algériens, installé en France depuis six ans, a tout connu de la difficulté de trouver du travail en ville, avant de pouvoir concrétiser son projet de commerce dans le Volvestre.
Quitter la ville
Nadia était couturière. En six ans, elle n'a réussi qu'à enchaîner deux CDD dans un atelier de retouches qui a finalement fermé. De son côté, Lahouari a fait un peu tous les métiers possibles dans une boulangerie industrielle, jusqu'à ce qu'une vague de licenciements le dépose à la porte de Pôle Emploi. Et que démarre la litanie des CDD en intérim. Les Alem ont vite compris qu'il leur faudrait monter un projet personnel pour s'en sortir. L'idée de la poissonnerie, qui tentait tant Lahouari le pêcheur, a vite été abandonnée pour cause de formation trop onéreuse. On s'est alors orienté vers un magasin de primeur et de petite épicerie, comme Nadia en avait tenu un près d'Oran.
Mais à Toulouse, les aspirants entrepreneurs se sont heurtés à des murs infranchissables. Le prix des loyers était prohibitif, les organismes financiers ne croyaient guère en leurs chances de réussite. Nadia dresse paisiblement un terrible constat, sans une once d'amertume : « Lorsque l'on visitait un magasin, il y avait la queue comme pour un appartement, et avec un nom d'origine maghrébine, nous avons vite compris que nous n'avions aucune chance ».
Est alors venue l'idée de quitter la ville. Une petite annonce s'est présentée, un magasin à louer à Montesquieu. D'entrée, Nadia a demandé au propriétaire s'il accepterait des locataires algériens. Pas la peine de se déplacer pour voir une nouvelle porte se fermer sans raison objective. Le résultat a vu le jour mi-mars. « Le Potager » offre à sa clientèle une majorité de produits locaux, en primeur mais aussi en petite épicerie. Surtout, les denrées du Sud Ouest cohabitent avec les parfums orientaux des épices venus du Maghreb. Un mélange qui résume presque à lui seul toute l'aventure.
Nadia et Alouhari soulignent l'intérêt des Montesquiviens. pour la formule multiculturelle du lieu, et l'accueil chaleureux qui leur a été fait. L'entreprise est fragile, le pari loin d'être gagné. Mais l'optimiste reste de rigueur cinq jours et demi d'ouverture par semaine.
Source : laDépêche.fr 02-05-2012 Photo DDM
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