Tandis que le gouvernement cherche à travers les retraites à rétablir les comptes publics, les recettes fiscales rentrent très mal et le déficit de l'État se creuse.  Plusieurs milliards d'euros font défaut à Bernard Cazeneuve (photo), le Ministre du Budget, pour redresser les comptes de l'Etat.

Il manque beaucoup d'argent. À cause de la récession, les impôts rentrent mal dans les caisses de l'État, alors que les réformes comme celle des retraites sont supposées redresser les comptes. Plusieurs milliards d'euros font défaut à Bernard Cazeneuve, le ministre du Budget. Le gouvernement espère une hausse des recettes fiscales de 11 % sur l'année, or elles progressent de moins de 1 % à fin avril. Face au Ministre, sur France 2 jeudi 6 mai dernier, l'ancien Premier ministre François Fillon a estimé qu'il manquerait 30 milliards d'ici à décembre. Un rapide calcul montre que ce trou serait approché si la tendance ne changeait pas. "Nous ne savons pas sur quoi il fonde ce chiffre, lancé pour faire peur", critique-t-on dans l'entourage du ministre.

La faute à la TVA

Que se passe-t-il? Les recettes de TVA – première ressource financière de l'État – reculent de 2,3 % sur les quatre premiers mois de l'année, selon Bercy, contre une prévision de + 5,9 %. La faute à une consommation en berne, dans le sillage d'un chômage qui pèse sur le pouvoir d'achat. "Il n'y a pas lieu de paniquer. La TVA occasionne des remboursements aux entreprises plus ou moins élevés selon les mois", nuance-t-on parmi les proches du ministre. L'an dernier, elle a néanmoins rapporté 3,5 milliards de moins que prévu, sans que personne ne sache pourquoi. L'hypothèse d'une recrudescence du travail au noir fait florès. Par ailleurs, le rendement des taxes sur l'essence et le fioul baisse aussi (– 6 %).

Bercy tire la sonnette d'alarme

Les autres prélèvements se portent mieux. L'impôt sur le revenu progresse de 11 %, les ponctions votées à travers plusieurs mesures en 2011 (le gel du barème, notamment) sont, elles, au rendez-vous. Bercy mesurera d'ici à quelques semaines l'impact des hausses Hollande (nouvelle tranche, première baisse du quotient familial, alignement de la fiscalité de l'épargne…). Le temps de collecter les déclarations de revenus, qui ne sont pas encore toutes parvenues au fisc. Il est trop tôt, donc, pour dire si cet alourdissement fiscal provoque une fuite des recettes, si "trop d'impôt tue l'impôt", ou pas.

Bercy tire toutefois la sonnette d'alarme. "L'évolution globale des recettes fiscales nettes présente un aléa baissier", notent les services de Bernard Cazeneuve. La réduction du déficit promise à Bruxelles risque à nouveau d'être manquée. Quelques semaines seulement après avoir refait ses calculs et obtenu un délai pour réduire le déficit, le gouvernement est contraint d'avertir que sa trajectoire rencontre un trou d'air.

Plus embarrassant pour lui, les hausses d'impôts de 2014 menacent, elles, de ne pas rapporter autant que prévu. La TVA augmentera en janvier. Ce relèvement doit rapporter plus de 6 milliards d'euros et financer en partie le crédit d'impôt accordé aux entreprises dans le plan compétitivité (20 milliards d'euros, la plus forte ristourne de l'histoire). Mais ce montant s'avère donc aléatoire. Le gouvernement promet aussi d'instaurer une fiscalité verte (3 milliards d'euros minimum). La chute des achats d'essence le prive de ce levier fiscalement simple – mais politiquement compliqué.

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