Le voisin d'Outre-Rhin, déjà à la pointe dans le secteur industriel, est en train de gagner du terrain dans l'agriculture face à la France.
Les repères historiques - l'Allemagne championne de l'industrie, la France première puissance agricole - se brouillent. En termes d'exportations agroalimentaires, les agriculteurs allemands sont passés devant les Français en 2011 et l'écart se creuse.
Le levier des petits salaires
L'absence de salaire minimum outre Rhin est un reproche lancinant des agriculteurs français. Peut-être plus pour longtemps. Dans les rues de Berlin, des affiches "Un salaire minimum de 8,50€" portent les promesses de campagne du SPD pour les législatives de septembre. Le parti social-démocrate veut mettre fin aux tarifs salariaux traditionnellement négociés par branches d'activités. Appliqué aux saisonniers, surtout pour les travailleurs issus des pays d'Europe de l'Est, comme la Pologne et la Roumanie, le levier des salaires profite aux entreprises du cru. Selon la Fédération allemande des agriculteurs, les négociations syndicales ont abouti en janvier 2013 à un accord sur les salaires des saisonniers agricoles. Fixés à 7euros/heure au 1er juillet 2013, leur rémunération doit s'harmoniser progressivement pour atteindre en 2018 un niveau minimal de 8,50 euros/heure.
Des exploitations XXL
Depuis la réunification, la taille des exploitations allemandes représente en moyenne le double des françaises. Pourtant, selon Udo Hemmerling, secrétaire général adjoint de la Fédération allemande des agriculteurs, les grandes infrastructures héritées des coopératives agricoles de l'ex-RDA n'expliquent pas ce regain de compétitivité : "Ce n'est pas l'élément décisif, puisque les produits concernés par l'essor des exportations, comme la viande de porc, par exemple, ne sont pas produits dans ces régions de l'Est, mais en Basse-Saxe et en Bavière, où la taille moyenne des exploitations se situe entre 50 et 100 ha." En revanche, la concentration au sein de grandes structures représente un réel avantage lors de la transformation des produits. De très grands abattoirs se développent, dans lesquels les ouvriers – parfois à 80% est-européens – sont payés 3 à 5€ de l'heure.
Les subventions de la PAC
De part et d'autre du Rhin, les subventions européennes à l'agriculture jouent un rôle central. Pour Udo Hemmering, les modèles agricoles des deux pays ont évolué différemment après la réforme de la PAC de 2003 : "En Allemagne, l'attribution des aides se calcule désormais en fonction de la surface des exploitations, alors que les Français ont maintenu en partie l'ancien système fondé sur les volumes de production, les agriculteurs allemands sont donc plus flexibles pour répondre à la demande.» « A la différence de la France », ajoute Philippe Collin, porte-parole de la Confédération paysanne, « les bassins de production allemands sont proches des bassins de population. » Un avantage pour écouler les produits.
L'effet biogaz
La transition énergétique engagée par la République fédérale a profité à l'agriculture allemande. La loi sur les énergies renouvelables (EEG) introduite en 2000 a ouvert un nouveau débouché : la production de biogaz à partir des céréales. "Les Allemands bénéficient d'une double subvention : les aides européennes relatives à la surface exploitée et les subventions nationales s'ils cultivent des céréales pour les installations de biogaz», constate Sabine Pichl, agricultrice syndiquée de la Confédération paysanne. En Allemagne, le prix du biogaz est garanti sur vingt ans.
Source : leJDD.fr 19-05-2013
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