C’est une demande de Washington qui ne manquera pas d’entretenir la paranoïa des révolutionnaires égyptiens. Vendredi 12 juillet dernier, les États-Unis se sont ralliés à l’Allemagne pour demander la libération de l’ex-président Mohamed Morsi, arrêté après des manifestations monstres et un coup de force de l’armée, il y a dix jours.
Jeudi 11 juillet, Barack Obama avait également demandé au Pentagone une réévaluation des programmes d’aide américains à l’Égypte. Dans les rues du Caire, les nombreux anti-Morsi qui accusent le locataire de la Maison-Blanche de soutenir les islamistes des Frères musulmans, dont l’ancien chef d’État est issu, y ont vu la confirmation de leurs soupçons. Ont-ils raison? Washington peut-il se permettre de lâcher le nouveau pouvoir égyptien? Sans doute pas. D’ailleurs, vendredi, un responsable du Pentagone, sous couvert d’anonymat, a expliqué que les chasseurs F-16, achetés par le pays en 2010, allaient continuer à être livrés. Le Caire est un allié trop précieux des Américains au Proche-Orient pour être abandonné. Surtout, il est un trop bon client pour être mis sur la touche. Car c’est aussi pour sauvegarder ses emplois que les États-Unis maintiennent leur aide militaire à l’Égypte, coup d’État ou non.
D’ailleurs, le Congrès s’active depuis jeudi pour retoquer cette loi embarrassante qui interdit toute aide militaire à un régime arrivé au pouvoir par la force. Ce coup de pouce législatif tombe à pic pour l’administration Obama, qui, depuis l’éviction du président Morsi et sa détention dans un lieu inconnu, s’interdit de prononcer les mots coup d’État.
"Beaucoup d’emplois dépendent des relations militaires entre nos deux pays"
L’armée américaine de retour d’Irak et d’Afghanistan n’achètera plus de tanks en 2014 : la production de chars aux États-Unis devient donc dépendante de l’exportation. Et derrière Israël, l’Égypte est le pays au monde qui bénéficie le plus de l’aide militaire américaine. Elle s’élève aujourd’hui à 1,3 milliard de dollars de matériel par an, soit 80% du budget en matériel du ministère de la Défense égyptien. Une vingtaine d’avions devraient être livrés cette année. Quant aux chars Abrams 1M1, l’Égypte devrait en acquérir 1.200, affirme le service de recherche du Congrès américain.
La majeure partie de ces tanks est construite par des ouvriers américains, en Ohio, en Pennsylvanie ou en Floride : des swing states chéris par les candidats à l’élection présidentielle. En mars 2012, au début de la campagne pour la réélection d’Obama, l’aide militaire à l’Égypte a été brièvement suspendue : les islamistes avaient remporté les premières élections parlementaires et, dans la précipitation, des membres du Congrès s’étaient opposés à financer un régime hostile à l’allié israélien. L’ancienne secrétaire d’État Hillary Clinton redémarrait le programme au bout de deux semaines : impossible de sacrifier des jobs en pleine campagne électorale. Le démocrate Patrick Leahy, président du comité judiciaire du Sénat, avait quant à lui conclu qu’un arrêt de l’aide à l’Égypte aurait été "regrettable", et qualifié son maintien de "business as usual".
Source : leJDD.fr 15-07-2013
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