Il n’y a pas qu’en Europe où on parle d’austérité. Le Japon a ainsi dévoilé mardi 22 juin un ambitieux programme budgétaire visant à revenir à l’équilibre au cours de la prochaine décennie. Il est vrai que l’archipel n’a plus de marge de manœuvre avec un rapport de dette qui représente actuellement près du double de son PIB, soit le plus élevé du monde développé, et un déficit primaire (hors charge de la dette), estimé actuellement à 30.800 milliards de yens (275 milliards d'euros), soit 6,4% du PIB!

Confrontée à cette situation plus que délicate et alors que Fitch a indiqué lundi que la note de la dette souveraine japonaise pourrait être remise en question si Tokyo ne proposait pas de réforme budgétaire sérieuse d'ici la fin de l'année, le nouveau Premier ministre, Naoto Kan (photo) n’a pas tardé à réagir. Dans le programme budgétaire du gouvernement dévoilé ce mardi, le gouvernement indique ainsi vouloir dans un premier temps réduire de moitié le déficit primaire, d'ici l'exercice budgétaire démarrant le 1er avril 2015. Puis à partir de l'exercice 2021-2022, Tokyo souhaite voir le rapport de la dette au PIB diminuer régulièrement.

Pour parvenir à ses objectifs, le Premier ministre, qui a fait de la réforme budgétaire sa première des priorités, envisage un doublement de la TVA, actuellement de 5%. De l'avis des économistes, Tokyo devra porter la TVA à 15%, voire 20%, en l'espace de 10 à 15 ans pour financer l'augmentation des charges de sécurité sociale et de santé.

Prévisions de croissance relevées

Selon Reuters, le gouvernement souhaite aussi faire son possible pour maintenir, sur l'exercice 2011-2012, les émissions d'emprunt à peu près au niveau des 44.000 milliards de yens budgétisés pour l'exercice en cours, et si possible émettre même moins que ce montant. "Il faut éviter une situation comme celle de la Grèce, où le Japon perdrait la confiance des marchés obligataires, ce qui provoquerait une hausse des taux et déboucherait sur l'effondrement de ses finances", peut-on lire dans le programme budgétaire.

Par ailleurs, le Japon a relevé ses prévisions de croissance pour l'exercice en cours afin de refléter l'amélioration des perspectives pour les exportations du pays. Dans ses prévisions à mi-exercice fiscal, le cabinet du premier ministre a ainsi indiqué que l'économie nippone devait croître de 2,6% au cours de l’année close fin mars 2011, soit près de deux fois la croissance de 1,4% anticipée en janvier. Toujours selon le gouvernement, l'économie pourrait croître de 2% lors de l'exercice commençant en avril 2011.

Malgré ce relèvement des prévisions de croissance, le secrétariat général du gouvernement a admis qu'aucun des objectifs budgétaires ne pourrait être rempli dans le cadre de la stratégie de croissance du gouvernement, qui vise un taux de croissance réel de 2% en moyenne d'ici l'exercice 2020-2021. Ainsi, suivant cet objectif de croissance, le déficit budgétaire primaire reste estimé à 13.700 milliards de yens, soit 2,1% du PIB sur l'exercice 2020-2021, tandis que le rapport de la dette au PIB dépasserait 190%, la dette publique dépassant 1.270.000 milliards de yens!

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