Manuel Valls sera le bienvenu à Berlin. Un voyage de deux jours pendant lesquels il déjeunera, aujourd'hui lundi 22 septembre, avec la chancelière Angela Merkel, rencontrera le vice-chancelier social-démocrate Sigmar Gabriel et visitera à Hambourg une usine Airbus, aux côtés de trois de ses ministres, dont le ministre de l'Economie Emmanuel Macron.
Toutefois, la chancelière ne lui fera aucune concession. « Les Allemands veulent voir des réformes », insiste Henrik Uterwedde, directeur adjoint de l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg. « Le départ d'Arnaud Montebourg a été accueilli comme une clarification de la politique française. Mais on attend des actes. » Or, les Allemands doutent que Manuel Valls soit capable d'imposer des réformes. « Paris n'a pas créé les conditions pour bénéficier de la générosité de ses partenaires », juge le quotidien « Handelsblatt ». « Valls n'a pas ouvert un chantier de réformes. Il a créé une zone de protection des acquis », critique le « Frankfurter Allgemeine Zeitung ».
« La France ne doit pas bénéficier d’une nouvelle ristourne »
De plus, les Allemands n'apprécient pas de jouer les boucs émissaires de la crise française. Un alignement de la compétitivité de l'Allemagne sur celle de la France est inimaginable outre-Rhin. « On ne va tout de même pas sanctionner les performances de nos propres entreprises », répète Merkel. Et si l'Allemagne cède, c'est toute la politique de rigueur en Europe qui échouera, s'alarment les milieux économiques.
En repoussant à 2017 l'objectif de ramener les déficits publics à 3 % du PIB, Valls arrive donc à Berlin les mains vides. Et il risque d'en repartir les mains toutes aussi vides. Le président du groupe du Parti populaire européen (PPE) au Parlement européen, le conservateur allemand Manfred Weber, a exhorté Merkel à ne rien concéder à Valls sur la réduction des déficits. « La France ne doit pas bénéficier d'une nouvelle ristourne », a-t-il déclaré ce week-end, résumant la position d'une grande majorité d'Allemands, y compris celle de la gauche sociale-démocrate (SPD) qui gouverne avec Merkel.
La chancelière doit aussi se montrer intransigeante pour des questions de politique intérieure. Le nouveau parti anti-euro AfD (Alternative pour l'Allemagne) s'impose comme une force politique incontournable depuis son succès aux européennes (7 %) et à plusieurs scrutins régionaux (plus de 10 % des voix). Une politique jugée trop laxiste sur les déficits pourrait coûter une nouvelle victoire électorale à Merkel en 2017, alors que sa popularité est au zénith.
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