Le gouvernement belge est une nouvelle fois en passe de tomber. Un bien mauvais signe, deux mois avant que le pays ne prenne la tête de l'Union. Ce devait être l’occasion pour la Belgique de redorer son blason, sérieusement terni ces dernières années par ses querelles communautaires. Las. La nouvelle crise institutionnelle qui secoue le plat pays depuis jeudi 22 avril risque de transformer la présidence belge de l’Union européenne en un beau camouflet.
Le 1er juillet prochain, le gouvernement belge doit prendre les rênes de l’Union pour six mois. Mais dans quel état sera-t-il alors ? Si le roi Albert II n’avait, hier 23 avril, pas encore accepté la démission du gouvernement d’Yves Leterme (photo), les jours de l’exécutif semblent pourtant comptés. S’il tombe, des élections devraient être organisées en juin. Mais l’Histoire montre que les gouvernements belges ne se composent pas en un tournemain. L’équipe actuelle resterait donc en place pour gérer les "affaires courantes" et prendre en charge la présidence de l’Union. "Nous n’aurions évidemment plus le même poids ni la même légitimité", s’inquiète le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Olivier Chastel, un libéral francophone.
Mais, avant même cette échéance du 1er juillet, cette nouvelle crise, causée par le départ de la coalition gouvernementale de l’Open VLD, parti libéral flamand, a déjà "gravement miné l’image de la Belgique à l’échelle de l’UE", comme l’estime l’eurodéputée belge Isabelle Durant (Verts), qui rappelle que le pays était "considéré jusqu’à il y a peu encore comme une machine à fabriquer des compromis". "Comment la Belgique pourra-t-elle gérer l’Europe si elle n’est pas capable de gérer un problème local?" se demande, quant à lui, un fonctionnaire espagnol du Conseil européen.
Ce "problème local" que la Belgique tire comme un boulet depuis des décennies, c’est celui de l’arrondissement bilingue de Bruxelles-Hal-Vilvorde, dit "BHV". Un petit morceau de Belgique situé autour de Bruxelles que Flamands et Wallons se disputent depuis des années. "Cette incapacité à négocier raisonnablement le dossier BHV résonne aux oreilles des Européens comme un aveu d’incapacité politique", juge Isabelle Durant. Petite consolation, toutefois: les autorités belges, pour préparer leur présidence de l’Union, pourront toujours s’appuyer sur le travail déjà fourni en amont. Depuis de longs mois, la Belgique collabore étroitement avec l’Espagne (qui la précède) et la Hongrie (qui la suit), pour concevoir ensemble les lignes directrices des trois semestres. Les grands thèmes ont été dictés par l’agenda européen : emploi, crise financière, migrations, climat…
La Belgique peut aussi remercier le traité de Lisbonne d’avoir sérieusement allégé le rôle joué par les présidences tournantes. Auparavant, les pays qui prenaient la tête de l’Union étaient appelés à mettre de l’huile dans les rouages entre les chefs d’Etat et de gouvernement. Ce rôle est désormais dévolu au président du Conseil, le Belge Herman Van Rompuy. En outre, la présidence tournante n’anime plus les débats de politique étrangère : c’est le haut représentant Catherine Ashton qui s’en charge. La présidence belge n’aura donc guère de visibilité sur les dossiers internationaux.
Est-ce pour cela qu’à la Commission européenne, on ne semble pas vraiment inquiet des dernières péripéties politiques belges. Hier, le sujet n’était pas au menu du briefing quotidien à l’intention de la presse. "Les seuls sujets abordés ont été l’affaire du volcan et les finances de la Grèce", précisait-on au bureau de la porte-parole Pia Ahrenkilde, qui rappelait que la démission du gouvernement Leterme n’était pas encore effective, et restait donc un "non-sujet". Et puis, la Commission en a vu d’autres. La crise politique en République tchèque, au premier semestre de 2009, n’avait pas empêché le pays de prendre les commandes de l’Europe.
Source : lejdd.fr 24-04-2010
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