La Chine a annoncé samedi 30 janvier des sanctions économiques et la suspension des relations militaires avec les Etats-Unis. Ce que l'Empire du milieu reproche à Washington: la vente d'armes à l'île de Taïwan, sur laquelle Pékin revendique toujours sa souveraineté.
Nouveau bras de fer entre la Chine et les Etats-Unis. Cette fois-ci, c'est Taïwan qui nourrit les frictions. Vendredi, le gouvernement américain a informé que des armes seraient vendues à l'île indépendantiste, des hélicoptères et des missiles antimissiles notamment, pour un montant de 6,4 milliards de dollars. De quoi susciter la colère de Pékin. Aussitôt, le ministère des Affaires étrangères, le ministère de la Défense et le bureau chinois des affaires taïwanaises ont averti les Etats-Unis que la vente d'armes à ce petit territoire nuira aux relations entre les deux pays.
Samedi, la Chine s'est faite plus menaçante, annonçant la suspension des relations militaires avec Washington, ainsi que l'interruption du dialogue sur les questions de sécurité stratégique, de contrôle des armes et de prolifération nucléaire. Une menace bien ciblée, puisque les Etats-Unis comptent sur l'aide de Pékin dans les dossiers des nucléaires iranien et nord-coréen.
"La Chine imposera également des sanctions proportionnées aux entreprises américaines qui vendent des armes à Taïwan", a ajouté le ministère des Affaires étrangères chinois. Pourraient notamment être visés le constructeur Sikorsky Aircraft, filiale de United Technologies, Lockheed et Raytheon.
Une indépendance contestée
Si le ton est monté si vite, c'est que la Chine continue de considérer Taïwan comme une de ses provinces, en dépit du différent qui les oppose depuis 1949. A cette date, les nationalistes de Chiang Kai-shek s'étaient réfugiés sur l'île, fuyant les communistes de Mao Zedong. Depuis, Pékin menace de recourir à la force si Taïwan proclame son indépendance. Une indépendance qui existe pourtant dans les faits. Des milliers de missiles chinois seraient d'ailleurs toujours pointés sur l'île. Ces dernières années, toutefois, les relations sino-taïwanaises s'étaient plutôt apaisées sous l'impulsion du président taïwanais, Ma Ying-jeou. Ce dernier a cherché à renforcer les relations économiques avec Pékin, mais il souhaite aussi à s'armer pour peser dans les discussions avec le voisin chinois. D'où cette proposition des Etats-Unis, principal allié de Taïwan.
Une proposition qui ajoute à la longue liste des différends qui opposent Pékin et Washington: les droits de l'homme, les changes, Internet et le Tibet. Après que Google a menacé de quitter la Chine en raison de cyberattaques, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a récemment fustigé la censure qui prévaut dans le pays. En novembre, lors d'un séjour de trois jours en Chine, c'est Barack Obama qui avait adressé des mises en garde à Pekin sur ces sujets. Ce dernier pourrait en outre rencontrer dans les prochains mois le dalaï-lama, le chef spirituel en exil des Tibétains, que la Chine qualifie de dangereux séparatiste. Pas de quoi réchauffer les relations entre les deux géants.
Source : lejdd.fr 30-01-2010