Si tous les européens ou presque ont salué l’initiative de la France au Mali. Si tous ont reconnu que la menace terroriste les concernaient tous au même titre, le rêve de certains de voir des Européens se battre sous la bannière bleue étoilée contre l’ennemi dans les sables maliens ne semble pas être pour demain.
Ce sera une grande fête mardi. Comment pourrait- il en être autrement? Le couple franco-allemand fêtera les 50 ans du Traité de l’Élysée signé par le général de Gaulle et le chancelier Adenauer. Le président Hollande, son gouvernement et l’ensemble de nos parlementaires iront trinquer à Berlin avec leurs partenaires allemands, ceux qui ont construit contre vents et marées une Europe dont le cœur essaie de battre aussi fort en France qu’outre-Rhin. Pourtant, les Français qui voient leurs soldats s’installer durablement au Mali pour y combattre les narco-djihadistes de la bande sahélienne peuvent se poser légitimement la question : pourquoi nos amis allemands n’ont-ils pas réagi plus vite pour soutenir politiquement dès le départ l’intervention française.
Il aura fallu attendre cinq jours pour que la chancelière Merkel dise publiquement que "le terrorisme au Mali [est] une menace pour l’Europe". "L’Allemagne considère que la situation dans la région fait partie de sa propre situation sécuritaire", ajoute Angela Merkel lors d’une conférence de presse aux côtés du patron de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, le président ivoirien Ouattara. Plus rapide aura été le ministre allemand de la Défense pour envoyer deux avions de transport de fret à Évreux afin que les forces françaises puissent accélérer leurs rotations vers Bamako, N’Djamena et Niamey, bases de départ de nos fantassins pour se rendre vers le nord du Mali.
Quelle Europe de défense?
S’il est vrai que l’Allemagne entend coopérer étroitement avec la France sur le plan militaire dans le cadre de l’Otan, comme en Afghanistan, ou sur le sol européen comme au Kosovo, il en va autrement pour toute autre région du monde. Surtout en Afrique, où la classe politique allemande dans son ensemble estime qu’il s’agit d’une zone d’intervention française. "L’Allemagne ne participera pas à l’effort de guerre français au Sahel tout comme elle a refusé de s’engager dans l’opération libyenne", souligne Frank Baasner, le directeur de l’Institut franco-allemand de Ludwigsburg. Laurent Fabius est pourtant revenu de Bruxelles jeudi soir satisfait de sa mission. Les Européens ont signé un mandat de formation des troupes maliennes par des officiers de l’Union européenne, à l’image de ce qui s’était déjà fait pour la Somalie quelques années plus tôt. L’Allemagne y jouera d’ailleurs un rôle prépondérant. L’Europe financera l’opération des Nations unies et certains membres de l’Union, une dizaine, ont promis ou déjà fourni des avions, de l’aide logistique, médicale ou humanitaire.
Mais le rêve de voir des Européens se battre sous la bannière bleue étoilée contre l’ennemi dans les sables maliens n’est pas pour demain. Peut-être plus tard lorsque le fardeau deviendra plus lourd à porter. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ne désespère pas pour autant de faire prendre conscience à ses partenaires de la nécessité d’activer un corps européen d’intervention rapide, projetable à tout moment au-delà de nos frontières. Le projet existe depuis plus de dix ans, il ne demande qu’à vivre.
Source : laJDD.fr 20-01-2013
Informations MONTESQUIEU-VOLVESTRE, FRANCE, MONDE : Vous souhaitez être informé régulièrement sur les nouveautés mise en ligne sur ce Blog, inscrivez vous à la Newsletter (voir dans la colonne ci-contre)