Sans citer le nom du premier flic de France, (courageux ? mais pas téméraire) le ministre de la Consommation Benoît Hamon a critiqué samedi les "transgressions" sur les Roms. Lui d’ordinaire plutôt en retrait a bien été obligé de sortir du bois lors de la réunion de son « courant » à gauche de la gauche : « Un monde d’avance » !..
L'affiche n'a rien d'une réunion des amis de Manuel Valls. Sous la chaleur du ciel landais, Benoît Hamon accueille ce week-end quelques poids lourds du gouvernement aux universités de rentrée de son courant au PS, « Un monde d'avance ». Arnaud Montebourg et Christiane Taubira sont là. De "la bande des quatre", ne manque que Cécile Duflot. Avant de monter à la tribune, le ministre délégué à l'Économie sociale jette un dernier coup d'œil à son discours. En cette période de turbulences gouvernementales autour de la question des Roms, chaque mot compte. Souvent accusé de se "planquer", Hamon a décidé de ne pas se taire. Et a clairement pris ses distances avec le ministre de l'Intérieur.
"À gauche, certains s'égarent dans des formes de transgressions qui moi ne me plaisent pas", avance-t-il. Le nom de Manuel Valls n'est jamais cité mais personne ne peut se tromper sur le destinataire. "Combattre les trafics et les mafias oui. Sans faiblesse mais pas en mettant tout le monde dans le même sac : l'oppresseur et l'opprimé, le mafieux avec la femme et son enfant contraints de mendier", poursuit le ministre. Dans une réponse directe aux propos tenus par le ministre de l'Intérieur, Hamon tranche : "La gauche ne renoncera jamais à l'idée d'intégrer progressivement une population."
Accueillie par une longue salve d'applaudissements, Christiane Taubira prend la suite. Celle qui a déjà ferraillé avec Valls au sujet de la réforme pénale n'attaque pas le sujet de front. Pourquoi? "Vous avez entendu le discours de Benoît Hamon? Je suis totalement en soutien avec lui", glisse la ministre de la Justice. "Son face-à-face avec Valls a déjà beaucoup été mis en scène. Elle a dit des choses qui se suffisent", justifie Hamon.
"Être de gauche, mon cher Manuel, ça se prouve"
Henri Emmanuelli, lui, a nommé et chargé. "Être un homme de gauche, mon cher Manuel, ça ne se proclame pas, ça se prouve", envoie l'ancien premier secrétaire du PS. "Quand on s'approche de ces sujets-là, la cote de popularité remonte. Mais qu'on laisse les démagogues jouer avec ça", martèle l'ex-ministre.
Depuis la tribune, Emmanuelli en profite pour "envoyer un salut amical à Cécile". La ministre écolo n'est pas là mais, paraît-il, a envoyé quelques textos à sa "bande". C'est elle qui est sortie la première contre les propos de Valls jugeant, entre autres, que les Roms avaient vocation à retourner dans leur pays et à s'intégrer là-bas. Des propos allant "au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain" selon elle. La ministre du Logement en a appelé à Hollande pour lui demander de trancher. Rien n'est publiquement venu et chez Valls, on se targue du soutien présidentiel. Après les nouvelles déclarations de Benoît Hamon, garder le silence va devenir délicat.
Arnaud Montebourg est pour sa part resté dans son couloir ministériel, citant Houellebecq et Obama et faisant l'impasse sur Valls. Le ministre du Redressement productif s'est surtout distingué en critiquant l'ampleur du crédit d'impôt recherche destiné aux entreprises, voté l'an dernier. Succès assuré. L'aile gauche du PS veut purement et simplement abroger la hausse de la TVA qui doit financer cette mesure. Un autre incendie en perspective.
Informations MONTESQUIEU-VOLVESTRE, FRANCE, MONDE : Vous souhaitez être informé régulièrement sur les nouveautés mise en ligne sur ce Blog, inscrivez vous à la Newsletter (voir dans la colonne ci-contre)