C’est un vrai dilemme pour François Hollande : faut-il soutenir l'offre - les entreprises - ou la demande - les consommateurs? Quand on l’observe, au fil des semaines, on a toujours l’impression qu’il n’a pas vraiment fait son choix. Il passe d’une hypothèse à l’autre au risque d’être inefficace d’un côté comme de l’autre et en mécontentant tout le monde.
Dans son discours d’ouverture de « La Grande Conférence Sociale » ce matin 20 juin, le chef de l’Etat n’aura pas déçu la CGT, si l’on peut dire. En ouverture de la deuxième conférence sociale du quinquennat, il aura fallu pas moins de 20 minutes à François Hollande avant d’aborder les questions sociales. Le président de la République a préféré commencer par parler du désendettement du pays, de la mauvaise conjoncture économique et de la compétitivité. Laurence Parisot, présidente du Medef pour encore dix jours, a jugé les propos présidentiels "encourageants". Voilà le grand reproche des syndicats protestataires. Hollande a, selon eux, adopté la ligne du patronat. Le leader de la CGT Thierry Lepaon l’a redit dans une interview jeudi 20 juin au quotidien « Le Parisien ». Le Medef serait "le seul curseur" du gouvernement.
Déficit de demande ou panne de l’offre ?
Derrière le jeu de rôles politicien se cache un sérieux débat de fond. La France souffre-t-elle d’un déficit de demande ou d’une panne de l’offre? Ce sont les consommateurs qui défaillent ou bien les entreprises qui flanchent? Côté CGT et FO, on penche pour la première réponse. Et une petite musique consonante monte au sein du PS. La fondation Jean-Jaurès s’apprête à publier une note sur la nécessité de soutenir la demande. C’est aussi la thèse implicite de l’Insee. Selon les statisticiens, les ménages souffrent, pas leurs employeurs. Il est vrai que le pouvoir d’achat baisse pour la deuxième année consécutive, à cause du chômage et des hausses d’impôts.
François Hollande parviendra-t-il à réconcilier la CGT et le Medef?
Les patrons, eux, disent exactement le contraire. Ils n’auraient toujours pas les moyens d’investir et d’embaucher. En dépit du Crédit d’impôt compétitivité emploi (20 milliards d’euros, la plus gigantesque ristourne fiscale de l’Histoire), l’écart de charges avec la moyenne européenne équivaut encore à une cinquantaine de milliards d’euros en défaveur de la France. Le taux de marge, c’est-à-dire la rentabilité des entreprises, est au plus bas depuis 1985, il a chuté de 4 points depuis 2007. Difficile d’investir sereinement dans ces conditions.
A la lecture des chiffres de l’Insee, les deux camps ont raison. La consommation va mal, l’investissement aussi. Mais c’est un peu la question de la poule et de l’œuf! Sans clients, pas d’embauches. Sans emplois, pas d’achats… Alors, François Hollande parviendra-t-il à réconcilier la CGT et le Medef, la demande et l’offre… la poule et l’œuf? "Je pars d’un constat simple qui nous rassemble : ce sont les entreprises qui créent de l’emploi", a-t-il lancé dans son discours. C’est le postulat. L’Elysée a d’ailleurs accepté que le poids des cotisations sociales soit à nouveau mis en débat - une revendication du Medef. Un nouveau rapport sera commandé. "Il n’y a pas de désaccord de fond", explique-t-on dans l’entourage du Président.
Hollande se montre-t-il ainsi toujours plus pragmatique, toujours plus social-démocrate? Ce faisant, il accepte que le bras de fer se poursuive - voire se durcisse - avec les protestataires qui ont déjà promis de manifester contre la réforme des retraites. "S’ils sont mécontents, autant que le gouvernement aille jusqu’au bout et agisse davantage en faveur de la compétitivité", estime un haut responsable patronal, qui rappelle à toutes fins utiles l’attention que porte le chef de l’Etat aux patrons à chaque rendez-vous. Mais si les résultats ne viennent pas, Hollande aura perdu sur les deux tableaux, politique et économique.
Source : leJDD.fr 20-06-2013
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