A dix jours du congrès, les candidats et leurs soutiens ont tous en tête le vote calamiteux de 2012 et la guerre Copé-Fillon qui avait suivi. Beaucoup redoutent des tentatives de piratage ou de fraude.
C'est le sujet dont personne n'ose parler publiquement, mais que tous redoutent en coulisses ! A dix jours du scrutin qui départagera Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire et Hervé Mariton pour la présidence de l'UMP, la fébrilité est de mise à tous les étages pour que cette élection ne tourne pas au fiasco, au gigantesque bug. Comme un certain soir du novembre 2012, quand Jean-François Copé et François Fillon s'étaient, chacun de son côté, autoproclamés vainqueur, ouvrant la voie à un incroyable feuilleton.
Aujourd'hui encore, l'UMP panse les plaies après ce scrutin entaché de fraudes. Le défi est de taille pour un parti dont « l'apprentissage de la démocratie est assez nouveau », admet lui-même Mariton.
Contrairement au scrutin de 2012, où il s'agissait d'un vote papier, les 268 341 électeurs à jour de cotisation feront cette fois-ci leur choix par vote électronique. Un processus jugé « plus fiable » par les instances du parti, qui évite notamment les bourrages d'urnes et le recours à de litigieuses procurations. Charge a été donnée à la haute autorité de l'UMP, présidée par la juriste indépendante Anne Levade, d'organiser ce scrutin sous haute tension. Et c'est la société privée Paragon, spécialisée dans la gestion des élections, qui a été choisie comme prestataire technique.
Des pics de connexions jusqu'à 1 500 clics à la seconde
Suffisant pour convaincre ? Visiblement pas, à en juger par le climat électrique décrit par certains participants des dernières réunions hebdomadaires de la haute autorité, inquiets des risques de « plantage, et surtout de piratage, de la plate-forme technique le jour de l'élection », raconte l'un d'eux. « Je serai intraitable sur la régularité du vote et sur la sincérité des résultats. On le doit à nos militants », prévient déjà Le Maire. Le député de l'Eure est notamment agacé, comme Mariton, de ne pas avoir obtenu -- pour des raisons techniques -- que les résultats soient annoncés département par département. Cela aurait permis de détecter plus facilement des fraudes localisées.
Seuls les résultats nationaux seront annoncés. Mariton a récemment fait parvenir une note technique sur les failles possibles. Le risque de triche ? Il serait minime, au dire des trois candidats. Le seul, marginal, porte sur des « petits malins » qui récupéreraient les identifiants et mots de passe de militants et voteraient à leur place pour un candidat. « Mais ça ne peut pas se faire à l'échelle industrielle », relativise Jérôme Grand d'Esnon, bras droit de Le Maire et spécialiste du droit électoral. La haute autorité a d'ailleurs prévu le coup : une alerte signalera si un même ordinateur sert à voter massivement, grâce à son adresse IP. Le bug informatique ? « Je ne redoute pas la fraude, mais la surchauffe, l'incident technique », s'inquiète Le Maire. Grand d'Esnon constate d'ailleurs que Paragon n'a jamais réalisé de vote électronique à si grande échelle et sur une durée si courte de vingt-quatre heures (entre le vendredi 28 novembre à 20 heures et le samedi 29 à 20 heures).
Des pics de connexions allant jusqu'à 1 500 clics à la seconde sont en effet attendus. Mais la haute autorité assure avoir pris les devants en missionnant un expert informatique qui, pendant dix jours, va effectuer des tests de résistance, des « crash tests ». « Ses conclusions seront rendues mardi », précise Anne Levade, qui ajoute que ce dernier va aussi réaliser des « séries de tests d'intrusion ». En clair, évaluer la capacité du site à repousser d'éventuels piratages de hackers. « Aucun système informatique n'est inviolable », constate Grand d'Esnon.
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