L'ancien président égyptien Hosni Moubarak, 84 ans, a été condamné samedi 2 juin dernier à la prison à vie pour meurtre de manifestants, a annoncé le président du tribunal dans son verdict. Moubarak était présent à l'audience, allongé sur une civière en raison de son état de santé. Il a décidé de faire appel de ce jugement.

L'ancien président déchu échappe à la peine de mort. Mais pas à la prison à vie. Samedi 2 juin dernier, le président du tribunal du Caire a annoncé que Hosni Moubarak a été condamné pour le meurtre de 800 manifestants durant la révolte égyptienne qui l'a chassé du pouvoir, en février dernier. L'ancien raïs, qui avait plaidé non-coupable, était présent à cette audience, allongé sur une civière en raison de son état de santé.

La condamnation est identique pour son ex-ministre de l'Intérieur, Habib el-Adli. En revanche, six anciens hauts responsables des services de sécurité égyptiens ont été acquittés lors de ce même procès. Le juge a indiqué que les faits étaient prescrits pour les fils de Hosni Moubarak, Alaa et Gamal, accusés de corruption. Peu après le verdict, des heurts ont éclaté à l'intérieur de la salle d'audience. La télévision a montré des images d'un jeune homme le cou en sang tandis que des hommes en venaient aux mains. "Nul et non avenu! Nul et non avenu!", "Le peuple veut la purge de la justice!", ont crié des avocats, furieux après l'acquittement de ces personnes.

L’état de santé  d’Hosni Moubarak se serait dégradé à son arrivée en prison

Hosni Moubarak a décidé de faire appel de ce jugement, a annoncé l'un de ses avocats. "Ce verdict est plein de failles juridiques", a justifié à l'AFP Yasser Bahr. A la fin de l'audience, l'ex-président a été transféré du tribunal vers la prison de Tora, un faubourg du sud du Caire. Selon la télévision égyptienne, son état de santé se serait dégradé à son arrivée. Hosni Moubarak aurait "souffert d'une crise de santé surprise à son arrivée" en prison, assure l'agence officielle Mena. Avant cela, il avait refusé de quitter l'hélicoptère qui l'emmenait au tribunal, en pleurant, d'après un responsable des services de sécurité.

De son côté, le juge Rifaat a dit avoir pris sa décision en ayant "la conscience tranquille". Il a eu a des mots très durs pour la situation de l'Egypte pendant les trente années de règne de Hosni Moubarak, en faisant notamment référence à la pauvreté de la population et à ceux qui vivaient dans "la pourriture des bidonvilles". Il a également rendu hommage aux manifestants qui s'étaient soulevés contre le régime au début de l'année dernière. "Ils se dirigeaient vers la place Tahrir pacifiques, demandant seulement justice, liberté, démocratie", a-t-il lancé.

Une "farce" selon les Frères Musulmans

Cette condamnation intervient en pleine élection pour la désignation du successeur du président déchu, lors d'un scrutin pluraliste qui tranche avec les votes acquis d'avance largement boudés par les électeurs qui lui avaient permis de rester au pouvoir. Une élection qui verra s'affronter au second tour, les 16 et 17 juin, Mohammed Morsi, candidat des Frères musulmans -un mouvement autrefois illégal même s'il était toléré dans les faits- et le dernier Premier ministre de Hosni Moubarak, Ahmad Chafiq.

Juste après le verdict, les Frères musulmans ont appelé à des manifestations de masse pour protester contre ces acquittements. "Si les chefs de la police sont innocents, alors qui a tué les manifestants?", a dit à l'AFP Mahmoud Ghozlan, un haut responsable des Frères. De même, le verdict du procès a été qualifié de "farce" par Mohammed Morsi. De son côté, Ahmad Chafiq a affirmé samedi que les décisions de justice "doivent être acceptées". Celui-ci "a indiqué (...) qu'en tant que candidat à la présidence de la République, il insistait sur (la nécessité) d'accepter toutes les décisions de justice", a rapporté l'agence officielle Mena.

Source : leJDD.fr   2-06-2012

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