Un an après son arrivée au pouvoir à la tête de l'Egypte, Mohamed Morsi doit faire face à une hostilité grandissante. Forte d'une manifestation monstre place Tahrir dimanche 30 juin dernier, l'opposition lui a donné jusqu'à mardi 2 juillet pour quitter le pouvoir. Des revendications que l'armée est venue soutenir lundi après-midi. Quatre ministres ont démissionné lundi.
Mohamed Morsi est-il en sursis? Un an après son arrivée au pouvoir en Egypte, le président islamiste est confronté à un mouvement de contestation sans précédent. En cause, selon ses détracteurs : la dérive autoritaire du pouvoir et l'instauration d'un régime idéologiquement et politiquement dominé par les islamistes. Plusieurs millions de personnes - des cortèges d'une ampleur sans précédent dans l'histoire du pays - ont manifesté dimanche 30 juin dernier au soir leur hostilité au dirigeant dans les rues du pays et place Tahrir. Lundi 1er juillet au matin, des centaines d'Egyptiens étaient toujours sur l'emblématique place de la révolution qui avait conduit à la chute d'Hosni Moubarak en janvier 2011.
En Egypte, "la révolution du 30 juin" semble désormais en marche. Forte de ce soutien populaire, l'opposition - rassemblée sous l'étendard du mouvement Tamarrod, qui signifie "rébellion" en arabe - a lancé un ultimatum au président Morsi : ce dernier a jusqu'à mardi 16h (heure française) pour quitter le pouvoir, faute de quoi une campagne de "désobéissance civile totale" sera lancée. La pétition réclamant son départ a d'ores et déjà récolté quelque 22 millions de signatures, dans un pays qui compte 84 millions de personnes et surtout qui a élu Mohamed Morsi l'an dernier avec 13,23 millions de voix.
L'ultimatum de l'armée
Objectif affiché par le mouvement Tamarrod : obtenir le départ de Morsi et "permettre aux institutions étatiques de préparer une élection présidentielle anticipée". Un appel relayé par de nombreuses personnalités et de forces de l'opposition laïque, libérale ou de gauche. Le mouvement avait appellé également l'armée, la police et l'appareil judiciaire à "se positionner clairement du côté de la volonté populaire représentée par (ces) foules". Le nationaliste de gauche Hamdeen Sabbahi a ainsi demandé à l'armée à "agir" pour "faire respecter la volonté du peuple" si Mohamed Morsi ne partait pas de lui-même.
La réponse de l'armée égyptienne est venue lundi 1er juillet dans l'après-midi. Dans un message lu à la télévision, le commandement militaire a "réitéré sa demande pour que les revendications du peuple soient satisfaites" et a "donné (à toutes les parties) 48 heures, comme dernière chance de prendre leurs responsabilités face aux circonstances historiques auxquelles le pays fait face". "Si les revendications du peuple ne sont pas satisfaites durant cette période, (les forces armées) annonceront une feuille de route et des mesures pour superviser leur mise en œuvre", selon cette déclaration. Une annonce accueillie par une explosion de joie des manifestants anti-Morsi rassemblés place Tahrir au Caire.
Très peu remaniés depuis la chute de Moubarak, les services de sécurité pourraient jouer un rôle clé dans l'évolution de la situation. Les islamistes n'y exercent en effet qu'un contrôle limité. Pour l'heure, l'entourage du chef de l'Etat n'a donné aucun signe qu'il soit prêt à un éventuel renoncement. Tout juste a-t-il reconnu, via son porte-parole, des "erreurs" commises depuis un an. Largement insuffisant, lui a répondu la rue égyptienne. Quatre ministres ont toutefois démissionné lundi, fragilisant encore un peu plus la situation de Morsi.
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