Près de 90 parlementaires de la majorité mettent la pression sur Manuel Valls avant son discours de politique général mardi 8 avril. En creux, c'est la ligne de Martine Aubry qui affronte celle du nouveau Premier ministre.
Certes, elle reste en retrait de la vie politique nationale. Dans sa ville de Lille, où elle a été réélue pour un troisième mandat, Martine Aubry fait sa vie. Mais l'ancienne patronne du PS compte nombre de proches au sein de la majorité. Parmi ses fidèles soutiens, on compte notamment les députés Jean-Marc Germain et Christian Paul, ceux-là mêmes qui sont à l'origine de la fronde des socialistes rebelles. Ce sont eux qui ont fédéré plus de 90 parlementaires de la majorité pour mettre en garde Manuel Valls. Parmi les nouveaux signataires, on trouve aussi Gilles Pargneaux, chef de file de la fédération socialiste du Nord, celle de Martine Aubry. La maire de Lille elle-même a précisé lundi 7 avril qu'elle aurait "signé" ce texte. "Pour que notre République marche bien, il faut un président qui donne le projet, qui dise où on va, il faut un gouvernement qui gouverne et il faut un Parlement qui soit entendu".
S'il veut que les députés votent la confiance mardi après-midi lors de son discours de politique générale à l'Assemblée nationale, le nouveau Premier ministre connaît les règles du jeu : moins d'austérité et plus de justice sociale. Une fronde symptomatique des différences entre la ligne incarnée par Martine Aubry au sein du PS, et la politique sociale-démocrate menée par François Hollande à l'Elysée, désormais incarnée par Manuel Valls à Matignon. Il n'y encore que cinq ans, le Premier ministre, alors député-maire d'Evry, était prié par la patronne de la rue de Solférino de quitter le parti, après avoir déclaré que le mot "socialisme" était dépassé. Dans son nouveau gouvernement, l'ancien ministre de la Ville, François Lamy, fidèle parmi les fidèles de Martine Aubry, n'a pas été nommé ministre. Reste la ministre de la Décentralisation Marylise Lebranchu, anciennement proche de l'ancienne patronne du PS.
"Côté consommation, il faut allumer le moteur"
Martine Aubry, elle, reste très discrète. Mais ses rares interventions en disent déjà beaucoup. "La crise est là depuis 2008 et on n'en sort pas très vite. Beaucoup de Français ne comprennent pas pourquoi la politique actuelle ne donne pas des résultats plus vite et je dirais que je les comprends", lâchait-elle au soir du second tour des élections municipales. La saillie est limpide : elle demande au gouvernement d'accélérer la cadence. Au soir du second tour, son bras droit Jean-Marc Germain expliquait au JDD.fr: "On a le pied sur l'accélérateur côté entreprise. Côté consommation et investissement, il faut allumer le moteur (…) Il ne s'agit pas non plus d'un virage à 180 degrés." Interrogé lundi sur la situation, Martine Aubry a expliqué qu'elle souhaitait "absolument" que le gouvernement Valls réussisse. "C'est une évidence absolue."
Au lendemain du second tour des municipales et de la débâcle socialiste, les "Reconstructeurs", courant du PS qui comptent des fidèles de Martine Aubry n'avaient pas attendu deux jours pour se retrouver avec les proches d'Arnaud Montebourg et tirer les premières leçons de cette claque électorale. Mais il reste difficile voire impossible pour eux de se désolidariser du gouvernement Valls. S'ils ne votaient pas mardi la confiance au gouvernement, cela pourrait provoquer une grave crise politique, allant jusqu'à une dissolution, dont ils seraient les premières victimes.
Source : leJDD.fr 07-04-2014
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